dimanche 3 novembre 2019

MORTS, RÉVEILLEZ-VOUS !


MORTS, RÉVEILLEZ-VOUS ! ON DÉMÉNAGE

février 2017
Un accord quelque peu original par le rite sacro-saint qu’il se donne, et c’est le moins que l’on puisse dire, a été signé entre l’Algérie et la France au mois de juin 2005.
Une cérémonie funéraire auquelle y assistait le consul de France et le représentant de la wilaya d’Alger vient de tirer de l’oubli, 14 années plus tard, les vieux cimetières chrétiens de Aïn-Taya, de Réghaïa, de Fort-de-l’eau, de Maison-Carrée, de Dar-el-beïda … pourtant réputés vieux par leur âge, ou plutôt leur durée de mort et leur rappeler tout bas qu’ils ont des morts à exhumer et qu’ils doivent faire vite, et au plus vite, au risque de payer le prix … un prix fort.
Ces vieux cimetières chrétiens viennent en effet d’en faire les frais et à grands frais et d’une manière pour la moins surprenante et dans un décor bien sinistre.
Les autorités de ces deux pays se sont donnés le mot et le dernier … il s’agit pour ces messieurs de tirer de leur profond sommeil les nombreux morts qui reposent depuis la nuit des temps dans ces vieux cimetières chrétiens et leur parler de transfert, un petit voyage d’agrément et pour peu de temps, on n’en finit pas d’être rapatriés 55 après.
Les restes mortels ont été acheminés au cimetière chrétien de Belfort, non loin de l’ex quartier nommé Lavigerie, aujourd’hui Mohammadia, où un carré leur a été spécialement réservé à cet effet. Moins de frais et plus de place dans les cœurs, dit le dicton.
Ce travail unique en genre et en nombre, d’abord par l’aspect funeste qu’il présente, ensuite par le gros des dépouilles mortelles retirées de terre, a nécessité une grande habilité manuelle dans son exécution en raison de la tâche délicate auquelle se sont retrouvés confrontés les services « funéro » sanitaires mobilisés pour l’évènement.
On en recensera plus de 400 caveaux vidés de leurs sépultures à travers les différents cimetières chrétiens éloignés de la capitale, Aïn-Taya, Réghaïa, Cinq-maisons, Fort-de-l’eau, Maison-Carrée, Dar-el-beïda … et j’en passe. C’est un peu trop, me diriez-vous et nous ne sommes pas à la fin. Il y’en a, et il y en aura, beaucoup d’autres ou du moins dans les prochains jours.
Moins encombrant que les deux premiers, en raison du peu de morts qui y règne, le petit cimetière chrétien de Rouïba, fier de sa drève carrossable et de ce bel air champêtre, n’en demande pas mieux que de laisser reposer en paix, loin de toute considération politique. Si l’on s’en rapporte à certaines sources infondées, les locataires de ce cimetière chrétien de Rouïba étant recensés d’origines espagnoles, italiennes, portugaises, maltaises … et les services consulaires de ces pays seraient déterminés à payer le prix… Une information, loin d’être plausible et qui semble avoir fait son petit bout de chemin.
Dans ces vieux cimetières chrétiens où flotte un parfum macabre, n’y subsiste à l’heure actuelle qu’un terrain vague reconnaissable de loin à un cénotaphe qui nous rappelle solennellement que les restes mortels des morts du cimetière chrétien de Aïn-Taya, de Réghaïa, de Fort-de-l’eau, de Maison-Carrée, de Dar-el-beïda ont été transférés vers le cimetière chrétien de Belfort pour y être ré-inhumés en ce même endroit, à quelques pas du quartier de Lavigerie.
Certains amis de Aïn-Taya ont pu remarquer sur les lieux la présence de l’un des membres de la famille Lozza venu s’enquérir du nouvel emplacement de la tombe de ses aïeux.
Une grande artère municipale scinde en deux le quartier de Belfort, aujourd’hui Hassan Badi, à celui de Lavigerie où logeaient jadis la petite enseigne de l’industrie des produits chimiques, de l’outillage mécanique, électrique et du commerce des liqueurs, vins et spiritueux. Un léger tour de ceinture la ceint aux vieux faubourgs de Maison-Carrée* et d’Hussein-Dey* et nous invite à une petite promenade la main dans la main et à entrer même dans la danse.
Belfort, un vieux quartier huppé calme et paisible en ces temps anciens, qui accepte de renouer pour la circonstance avec le passé et d’offrir les plates-bandes de son cimetière chrétien à des gens qu’il connaissait bien et qu’il côtoyait de leur vivant. Un geste qui va droit au cœur auquel n’est pas insensible la mémoire du cardinal Lavigerie qui, en guise de remerciement, portera, dans l’au-delà, un toast à la bénédiction de ceux qui n’appartiennent plus au monde des vivants et qui acceptent de rallier leurs compagnons d’hier et leur offrir une petite place parmi eux.
Rallier, un mot qui revient souvent, en ces vieilles années sombres, dans la bouche des catholiques français. Le cardinal Lavigerie a déjà porté un toast à la santé de ceux et celles qui ont rallié à sa demande la république, à l’appel de Léon XIII, en 1890.
-         Belfort, c’est dans cette belle cité, dite Cité Radieuse que demeuraient les enseignants à l’Ecole Polytechnique et à l’Institut National d’Agronomie et c’est dans ces charmantes villas cossues de Belfort que résidaient les membres de l’ordre judiciaire, la corporation médicale, pharmaceutique, bancaire, les chefs d’entreprise, la gent militaire et les riches antiquaires.
-         Lavigerie, évoquer ce vieux quartier, c’est faire parler les trappistes et leur bel environnement vallonné de vigne, leurs merveilleux coteaux et leurs riches cépages, sans oublier le vieux couvent des Sœurs missionnaires d’Afrique et le riche Domaine* des vins de Sidi-Brahim.
-         Domaine des vins de Sidi Brahim, il fut affecté à l’Office Nationale de Commercialisation Vinicole qui en fit un entrepôt qu’elle destinera au conditionnement de ses vins (mise en bouteilles, étiquetage, emballage et expédition de ses boissons alcoolisées.)
-         Vins de Sidi Brahim, on connaît l’immense réputation dont jouissait en temps là, le vin de Sidi Brahim dont la renommée dépassait les frontières algériennes. Un vin prestigieux, aussi prestigieux que ceux de Mascara, Tlemcen, Zaccar, Dahra, Titteri, Médéa,
Aïn-Temouchent, Aïn-Bessem, Bouïra, Tessalah
.


 RABAH BITAT, L’HOMME DE TOUS LES TEMPS

Une belle coupe de cheveux, d’un vieux style, en vogue en son temps, qui lui donne l’allure d’un jeunot. Un sourire angélique qui émane du plus profond de son âme. Des yeux de bébé qui trahissent un regard de séducteur né. Une démarche droite et sereine, pleine d’aisance, qui lui donne l’assurance d’un magistrat… Bitat, fut l’un des hommes politiques qui aura le mieux incarné l’esprit révolutionnaire des anciens de l’après 54.
Principal artisan de la révolution algérienne dont il a été l’un des ténors, Bitat aura été l’un des tout premiers militants à entrer dans la clandestinité et à rejoindre la lutte armée, aux côtés de Ben-Bella, Aït-Ahmed, Boudiaf, Krim Belkacem, Khider, Abane Ramdane et de tant d’autres… il en sortira d’ailleurs, chef historique.
Forgé dans le moule des enfants rebelles de la révolution de 45 - le M.T.L.D et le M.N.A ne lui sont pas étrangers, ils furent les premiers partis qu’il rallia au début des années 40 avant d’adhérer au F.L.N, parti, avec qui il restera en alliance tout le restant de ses jours.
Bitat eut à occuper tout au long de son parcours révolutionnaire et d’homme politique les portefeuilles suivants :
-         Responsable de la zone autonome et chef du réseau de Larbi Ben M’hidi.
-         Vice-président de la jeune république algérienne au lendemain de l’indépendance.
-         Ministre des transports dans le gouvernement de Boumédiène.
-         Président de l’Assemblée Populaire Nationale sous Chadli… Un curriculum riche, à la hauteur d’un homme dont la vie a toujours été au service de son pays.
Dénoncé par un compagnon de lutte sur lequel les soupçons ne se portèrent même pas, Bitat fut arrêté par la police française, en 57. Il eut à subir les pires sévices au cours de son interrogatoire (machoire fracturée à coup de poing, langue lacérée au moyen de fils d’électrode). Un handicap qui le privera d’une parfaite élocution du langage et dont il gardera les séquelles tout le long de sa vie.

a.      LES LIENS SACRÉS DU PATRIOTISME
Bitat fut marié à Zohra Drif, fille de l’ex cadi de Tiaret et ex agent de liaison de Yacef Saâdi. C’est elle qui, en compagnie d’autres moudjahidates, déposa les bombes qui explosèrent au Cafétéria et au Milk-Bar, un certain jour d’un mois de Septembre 57. Avocate après l’indépendance, Zohra Drif occupe aujourd’hui la fonction de cadre de la nation au Sénat.

b.     AU SERVICE DE SON PAYS
Intègre, irréprochable, disent certains. Discret, peu bavard, mais strict dans son langage familier et sa façon de s’habiller – le bleu étant sa couleur préférée. Il lui va à merveille,  affirment d’autres… . Bitat, promenait en ces années 70, le look d’un homme politique bien dans sa peau.
Familier de la cour sous le régime de Boumédiène dont il connaît les secrets, Bitat, fut le doyen du cénacle présidentiel, il est considéré par ses proches comme étant l’homme des situations délicates. Plusieurs missions de travail d’une extrême importance lui furent confiées par Boumédiène et Chadli.
-         Poursuite des discussions autour des accords d’Evian peu après l’indépendance.
-         Tentative de dénouement de la crise du Sahara occidental.
On se demandait lors des obsèques de Boumédiène, pourquoi la lecture de l’oraison funèbre fut prononcée par Bouteflika, alors que l’honneur et le protocole y revinrent à Bitat, lui qui assurait la vacance du pouvoir. Ce dernier qui maîtrisait mal la langue d’Ibn Thaïmiya a préféré confier le soin de la lecture de l’oraison funèbre, en ces moments douloureux, où la voix réclame émotion et affliction, à Bouteflika, fervent adepte de la langue arabe, qui s’en est d’ailleurs, sorti très bien.
Bitat quitta l’hémicycle de l’A.P.N, le 3 avril 90, profondément ulcéré par l’expression outrancière « les masques vont tomber » lancée par un ex premier ministre nommé Hamrouche au langage et au comportement farfelus.
C’est au couple Bitat qu’échoit également l’honneur d’être désigné* par Boumédiène pour se rendre au domicile des Mansali*, une vieille et honorable famille algéroise aux origines turques et demander la main de Anissa .
Anissa est une très belle femme à la beauté subtile et gracieuse qui s’était fait remarquer quelques mois auparavant auprès du chef de l’État pour avoir intercédé en faveur de son père sur un litige qui opposa ce dernier à la Caisse de Retraite.

Dans la plupart des cas, les futurs époux ont déjà donné leurs accords respectifs. Les parents ne feront qu’abdiquer. La visite de ces derniers n’est que formalité.


Maison-Carrée : Un lien de sang unit Lavigerie à Maison-Carrée et à ses vieux quartiers de La Cité Radieuse, Belfort, Bellevue, Beaulieu, Cinq-maisons, Oued-Smar, B.G.A, Altairac (briqueterie), Durroughs (minoterie), Zevaco, Botella, La Glaciére, Les Dunes, Boubsila, La Cressonnière, Gorrias, Prise d’eau …

Hussein-Dey : Un lien de lait rattache Lavigerie à Hussein-Dey et à ses vieux faubourgs de La Faïence, L’engrais, Dessoliers, Djenane Mabrouk, Cité d’Urgence, Leveilley, Sainte-Carinne, La Montagne, Diar-Djemaâ, P.L.M, Fouquereau …
DÉsigné : Selon les vieilles coutumes musulmanes, c’est aux parents du chef de l’Etat de se rendre au domicile des futurs beaux parents pour y obtenir la main de la nouvelle mariée. Boumédiène, dont les parents décédés depuis très longtemps, chargera le couple Bitat de ce travail qui réclame tact et diplomatie.
Mansali : Une vieille famille algéroise de souche établie depuis longtemps à Kouba.

DOMAINE GUELLABOU


L’ex DOMAINE GUELLABOU -I-                                                                        -SIDI-MOUSSA-
- Ou la saga des Pélégri –
photo prise le 19 août 2017 – 10h du matin
-         À notre grand regret, nous laissons derrière nous le village de Sidi-Moussa pour nous rendre au domaine Guellabou, distant de près de 4 kms du centre ville de Sidi-Moussa. Il conserve toujours, me dit-on, l’appellation de « Haouch Guellabou ». Notre grand bonheur est de voir le domaine Guellabou, si cher au Pélégri et surtout pour y admirer et s’y incliner devant ces gros arbres à troncs volumineux qui ont fait la fierté de la ville de Larbaâ et de Sidi-Moussa et dont on en parlait tant.
-         Cette fois, on y domine une légère partie du domaine Guellabou. C’est ici, que se faisait l’entrée des ouvriers saisonniers des Pélégri. On y aperçoit sur la photo une clôture métallique nouvellement placée dont la pose remonte à quelques années seulement. Une terre qui n’aurait pas laissé indifférent René Bazin, Jean Giono, Henri Bosco, Louis Pergaud, Marcel Aymé, Jean Giraudoux, Romain Rolland, Jules Renard, Roger Martin du Gard, Marcel Pagnol  et tant d’autres …
-         « C’est le moment crépusculaire
J’admire assis sous un portail
Ce reste de jour dont s’éclaire
La dernière heure du travail … »
Vers empruntés au poème « les semailles » de Victor Hugo.

L’ex DOMAINE GUELLABOU -II-                                                                -SIDI-MOUSSA-
- L’amour du sol natal –
photo prise le 19 août 2017 – 10h du matin
Le domaine Guellabou marque la limite territoriale entre la commune de Sidi-Moussa et celle de Larbaâ. Non loin de là, se trouvent les ex fermes Vitello et Pettilo. Une route nationale à double sens Larbaâ / Sidi-Moussa sépare ces deux vieilles fermes de celle des Riera. A quelques pas d’ici, un vieux cimetière arabe où fut inhumé, me dit-on, le patriarche Moussa. Il donnera beaucoup plus tard son nom à ce petit village.
-         On raconte encore de nos jours que Jean Pélégri aimait souvent emprunter les marches de la tour du château d’eau du village pour y dominer au loin leurs ex vastes étendues de terre et surtout passer son temps à écrire. Ici, sur les hauteurs, il y trouvait une meilleure inspiration dans l’écriture. Le château d’eau y est représenté dans le livre l’ami fidèle du C.M.2ème année.
-         Abandonné par ses indus-occupants en raison de la vague de terreur qui sévissait en cette année 97, le domaine Guellabou servira et pour un certain temps de refuge aux terroristes.
-         Truffé de mines par ces derniers avant leur fuite, les autorités militaires furent contraints de lui passer le cordon de la charge explosive. Une école primaire construite en temps de paix à côté du domaine Guellabou, désertée par ses élèves, subira elle aussi le même sort.
-         Le domaine Guellabou n’est aujourd’hui qu’un amas de ruine. Derrière lui, un vieux rempart, une ancienne cave vinicole encore debout témoigne de la légende vivace des Guellabou.
L’ex DOMAINE GUELLABOU -III-                                                              -SIDI-MOUSSA-
- Un air bien de chez nous –
photo prise le 19 août 2017 – 10h du matin
Un cadre de vie champêtre qui nous fait revivre les moments forts de ce qu’était la vie ici, il y’a plus d’un siècle. C’est toute la saveur de ce bon vieux temps qui renaît de nouveau. Le moult du vin, les hottes des vendangeurs, le chant des cigales, le gazouillis des oiseaux, le musc des chevaux, le parfum des fleurs, le goût du raisin, l’odeur des bois d’eucalyptus … tout un monde qui se faisait sentir au loin et de loin.
-         Une terre cédée dans le cadre de la cession des biens de l’État à un groupement de bénéficiaires qui en firent fructifier une vaste plantation d’orangeraies et de mandariniers. Une terre, longtemps en jachère qui attend de nouveaux bras pour de nouvelles cultures qui tardent à venir … Sait-on, que cette fine particule de terre rouge destinée à enrober la vieille terre pour une nouvelle récolte fait perdre à l’ancienne terre ses principales valeurs nutritives (azote, purin, potasse …) qu’il est difficile de recouvrer dans l’immédiat ?

L’ex DOMAINE GUELLABOU -IV-                                                               -SIDI-MOUSSA-
- Un brin d’épi sur un chapeau de paille –



photo prise le 19 août 2017 – 10h du matin
-         Une nature luxuriante qui arbore son plus bel habit de velours comme pour immortaliser l’évènement.
-         Un bel air de campagne qui rappelle cette belle région de Provence dont parlait tant Edmond Rostand et  Frédéric Mistral, dans leurs œuvres (photo 3).
-         Belle, belle, très belle … comme qui dirait un paysage péruvien.
-         On aurait dit un petit monde féerique, qui s’offre quelques moments de volupté, qui nous transporte loin et qui nous fait revivre le bon vieux temps.
-         Des photos qui apparaissent en une couleur noire comme si elles portaient encore le deuil des Pélégri.
-         Tantôt gaie et ravie de nous revoir après une si longue absence. Tantôt triste d’avoir perdu le charme du bon vieux temps.
-         Prise à « contre-jour », elle donne l’impression d’avoir été prise la nuit comme si elle portait encore l’habit noir des Pélégri.
-         Un bel arbre, de beaux rameaux, un long feuillage … qui acceptent de déployer leurs ailes, de hisser leurs voiles et de se métamorphoser en une jolie roue de paon.
-         « C’était le temps des fleurs » disait la chanson.
sacrée meilleure photo de la série « les dossiers de l’Histoire ».

L’ex DOMAINE GUELLABOU -V-                                                                -SIDI-MOUSSA-
- Le chemin des vendanges –



photo prise le 19 août 2017 – 10h du matin
-         On distingue sur la photo une vieille variété d’arbres à troncs énormes que l’on appelle Ficus Elastica, fort appréciés par la qualité de leur bois et fort réputés par leur longue durée de vie. Une espèce d’arbres que l’on retrouve généralement dans les pays tropicaux, tels que l’Inde, le Brésil, l’Australie et  certains pays d’Afrique et dont le tronc avoisine ou dépasse une circonférence de plus de 18m. (Le narrateur eut à faire le lien entre la distance qui sépare une chaussée de 6m à une autre).
-         Des arbres aux ramifications tentaculaires qui peuvent atteindre jusqu’à 10m de long et des racines souterraines qui avoisinent ou dépassent 6m de profondeur.
-         Un type d’arbres aux allures chevaleresques, communs dans les forêts de l’Inde, remarquables par le volume de leur bois, le charme de leurs végétations et surtout par la forme excentrique qu’ils se donnent.
-         Des arbres qui ont vu les aïeux des Pélégri grandir et qui ont vu et entendu les cris de joie de leurs enfants et petits-enfants.
-         Certains de ces arbres ont été sciés à la souche même. Elles constituaient un véritable bouclier aux terroristes qui préféraient s’y cacher derrière pour échapper à la traque des militaires qui n’arrêtaient pas de les harceler. Les services communaux furent dans l’obligation de tronçonner quelques-uns d’entre eux.
-         Selon mon interlocuteur, ingénieur et docteur en agronomie, l’écorce de cet arbre : contient des propriétés thérapeutiques fort recherchées dans le milieu médical et l’industrie pharmaceutique. On en extrait de la saignée de cet arbre :
·         une substance aromatique : le camphre
·         une huile d’eucalyptus : le thymol
·         une huile d’écorce : la vaseline
·         et une graisse minérale : la résine.
-         L’utilisation de cette matière est fréquente dans le traitement antiseptique des affections respiratoires (rhume, toux, bronchite).
L’on me rapporte que le produit Vicks  Vaporub, ce décongestionnant nasal, est élaboré à base de la substance de cet arbre.

DOMAINE LAURENT VIDAL


L’ex DOMAINE LAURENT VIDAL dit HAOUCH KAOU-KAOU - LES EUCALYPTUS -I- SIDI-MOUSSA
- Journal d’un enfant du pays –
photo prise le 19 août 2017 – 10h du matin
Kaou-kaou, il se dit de quelqu’un qui bégaie et qui éprouve certaines difficultés à y articuler convenablement les mots. Ici, dans ce récit, le terme de Kaou-kaou désigne l’ex propriétaire du domaine. Il s’agit probablement de Laurent Vidal dont on dit, de lui, qu’il a du mal à prononcer correctement les mots et dont le langage proche de la dyslalie évoque celui d’une cigogne. Kaou-kaou s’écrit en arabe قاو قاو.
Il fait également penser à l’action que fait un bègue qui, au moment où il s’efforce d’articuler les mots émet un son identique à celui que fait un échassier.
Pris en mauvais part, il s’emploie abusivement pour désigner un édenté dont les dentiers du haut et du bas délogés de leurs points d’appui s’entrechoquent ou s’égrènent sur elles-mêmes et font rappeler le son ou claquette que fait un échassier. On dit alors que ce dernier Ouak-ouak, allusion faite au cri que fait cet oiseau. Ouak-ouak s’écrit en arabe وق وق.
Ouak-Ouaaak, c’est le nom usuel que l’on donne à un échassier de petite taille dont l’apparence rappelle celle d’une cigogne ou d’une aigrette. On parle de ce bel oiseau de campagne, commun aux pays chauds, à plumage doux et soyeux qui, à la belle saison, se pose en grand nombre, durant les heures de sieste ou pendant la nuit, sur les toits de chaume et sur les tuiles romaines, en y battant des ailes et en y poussant des cris désagréables à l’ouïe. C’est aussi un oiseau des champs qui, au moment des labours, envahit les terres en guéret, à la recherche de brins de vermisseaux.
Ouak-ouaaak, c’est le cri qui marque le son fort et prolongé que fait la cigogne en ouvrant le bec.
Dans le vocabulaire arabe, Ouak – ouaaak est doté d’une barre de fraction dite « alif » qui consiste à faire distancier la dernière voyelle « a » avec la consonne « k ».
Ouak – ouaaak s’écrit en arabe وق واق.
Kaou-kaou, Ouak-ouak, Ouak-ouaaak appartiennent à une même famille et désignent beaucoup plus l’onomatopée de la cigogne.
Selon les ornithologues, il s’agit de ce bel oiseau vivant en bande que l’on appelle aigrette, qui se pose généralement sur les toits de chaume, sur les ardoises, sur les tuiles romaines et sur les tuiles des maisons de l’ancienne Provence. On le revoit également dans les tours, les clochers, les donjons et sur les hauts des minarets où il préfère nicher.
Observons cette figure de métathèse qui nous renvoie à une introversion par laquelle les dernières voyelles de Kaou-kaou a, o, u vont se déplacer pour passer au premier plan et en faire ainsi Ouak-ouak. Quant à la consonne « K » sur laquelle repose tous les espoirs, elle n’acceptera que difficilement d’être éjectée de rang de chef de file pour occuper finalement la dernière place. Elle ne cessera de clamer son indignation haut et fort avec des cris répétés et prolongés de Ouak-ouaaak.
L’ex DOMAINE LAURENT VIDAL dit HAOUCH KAOU-KAOU - LES EUCALYPTUS -II- SIDI-MOUSSA
- Ou le parfum des eucalyptus –
photo prise le 19 août 2017 – 10h du matin
Les Eucalyptus, une belle et vieille variété d’arbres importés, dit-on, de l’Australie et du Midi de la France, plantés ici vers la fin du XIXe siècle et qui donnera peu après son nom à ce petit village devenu grand.
On voit, à l’ombre de ce vieil arbre, à tronc énorme, une feuille de Verpal soutenue par une bonbonne en plastique et un fut métallique, sur laquelle on y voit étalées quelques tiges de plantes potagères ; coriandres, persils, céleris et blettes forts prisées dans les plats traditionnels arabes.
On aperçoit également fixés sur le fût de l’arbre des sachets en plastique de couleur verte destinés à y servir d’emballage pour de futurs achats.
On rapporte, que vers la fin du XIXe siècle, les vignerons et les maraîchers arabes venaient souvent s’adosser à l’ombre de ce vieil arbre, devenu colossal, pour s’y reposer et y prendre un repas frugal (tomates, oignons, carottes, pommes de terre bouillies …).
l’ex DOMAINE LAURENT VIDAL dit HAOUCH KAOU-KAOU - LES EUCALYPTUS -III- SIDI-MOUSSA
- Chapeau de paille et toit de chaume –
photo prise le 19 août 2017 – 10h du matin
On aperçoit sur la photo l’entrée de l’ex Domaine Vidal actuel « Haouch Kaou-kaou ».
-         Authentique scène de vie campagnarde et vieille ferme d’autrefois constituée d’un grand corps de ferme, doté de caves vinicoles, de cellier, d’un pailler, de box à chevaux, d’une remise, d’un entrepôt pour victuailles, d’un four à pain, d’un pressoir à vin ou cuverie, d’un chenil, d’une porcherie, d’un lavoir, d’une maison de gardien, d’une sellerie et d’un dortoir pour vendangeurs …
-         Merveilleux tableau d’une belle époque champêtre qui nous entraîne dans l’épopée joyeuse du Mas Théotime d’Henri Bosco.
-         Peu de choses ont changé à l’exception de la murette de ce charmant clos qui connaîtra une petite surélévation en pierre de parpaing destinée à cacher l’intérieur de la cour.
-         Derrière ce mur en pierres de parpaing, on y voit un mirador ou guérite, c’est d’ici que se faisait le guet du factionnaire du domaine qui avait, me dit-on, les yeux partout.
-         On distingue à l’entrée de cette propriété de maître - le portail étant entrouvert - deux colonnes munies chacune d’un chapiteau et d’un tailloir sur lequel repose 7 tablettes saillantes. Un abaque ou signe distinctif qui nous renseignent, selon certains, sur le degré de cotation qu’occupe cette propriété, parmi tant d’autres. Un signe de grandeur qui représente également l’échelle des valeurs humaines auquelle à droit le maître des lieux dans la hiérarchie sociale.
-         Ce sont ces longues veillées familiales au coin du feu ; c’est le bruit infernal de la pédale du rouet de nos vieilles mamans qu’on entend au loin ; c’est le chant des cigales qui apporte la solitude et qui vous donne la chair de poule au moment du coucher ; c'est le chuinte lugubre de la chouette qu'on chasse à coups de tire-boulettes ; c'est le chant du coq qui pousse le valet d'écurie à sauter du lit, hors de lui ; c'est le croassement hideux du corbeau qui vous incite à rebrousser chemin et ne pas tenter d'y aller plus loin ; c'est le hurlement du loup qu'on entend la nuit au loin et qui nous pousse à nous blottir ensemble dans son petit coin ; ce sont ces œufs de poule fraîchement pondus qu’on ramasse le matin, après avoir quitté brusquement le lit, pour en faire un œuf à la coque ; ce sont ces castors, campagnols, marmottes, blaireaux, qu’on traque pendant la saison des labours ; ce sont ces petits têtards qu’on taquine à coups de bâton dans les étangs ; ce sont ces petits oisillons qu’on déniche de la cime des arbres ; c’est aussi le coassement des grenouilles qui se fait entendre au loin et qui vous donne des frissons la nuit tombée. Cette fois, c’est notre père qui arrive et qui se déplace d’une chambre à une autre, une lampe à l’huile à la main, pour s’assurer que tout le monde est au lit. Ce sont ces soupirs, ces chuchotements, ces halètements qui provenaient de la chambre à coucher de nos parents, qui nous effrayaient au début et qui nous gavaient de rires beaucoup plus tard. Une nouvelle fois, ce sont les lurons de la Guerre des Boutons de Louis Pergaud qui nous assaillent de nouveau et de partout.
L’ex DOMAINE LAURENT VIDAL dit HAOUCH KAOU-KAOU - LES EUCALYPTUS -IV- SIDI-MOUSSA
- L’ivresse des temps anciens –
photo prise le 19 août 2017 – 10h du matin
-         Focalisons de très près l’inscription portée sur l’épigraphe de cette cave qui se trouve derrière cet arbre et l’on voit apparaître timidement l’inscription -1900- date de fondation de ce vieux domaine.
-         Observons la solidité de cette porte en bois, sciée à la scie égoïne, taillée probablement avec une herminette et façonnée à la râpe, au ciseau et au burin et dont l’œuvre remarquable semble avoir été exécutée avec soin et raffinement.
-         On croit savoir que c’est pour empêcher les odeurs volatiles de s’échapper de l’intérieur de la cave et de leur permettre de se concentrer uniquement au-dedans de celle-ci, afin d’y obtenir une bonne fermentation des vins. Une meilleure opération de distillation du vin qui donnera également de l’alcool.
-         C’est ici, à travers cette porte que se faisait la sortie des barriques de vins. Les tonneaux sont poussés à la main ou traînés par une remorque de bourrique jusqu’à la sortie. Ils seront aussitôt hissés au moyen de deux traverses en bois posées en oblique sur une charrette pour y être embarqués ensuite sur un attelage de chevaux.

LES VIDAL, UN NOM, UNE ÉPOQUE, UNE LÉGENDE …
De Pierre Vidal ou l’auteur de l’illustre pharmacopée pharmaceutique française à son ex maison d’édition du champ de manœuvre, à son ex appartement de la rue Mogador, Alger et à cette Algérie qu’il quittera en 65.
À Vidal et Manégat, l’ex fabricant de bâches, sacs, cordages et son ex usine de la rue du bd Joffre, Oran.
À Henri Vidal, l’ex propriétaire des autocars de l’ex A.T.AN qui portera ensuite l’appellation de SA.TA.C dont le siège se trouvait au … Victor-Hugo à Hussein-Dey.
À François Vidal et ses ex ateliers de réparations navales et de constructions métalliques situés au rue Mirauchaux à Oran.
Et à cet autre Vidal dont les ex terres couvertes de vignobles et d’arbres fruitiers inondaient de leur clarté verdoyante les belles prairies de Chéragas.