dimanche 12 janvier 2020

LES DOSSIERS DE L’HISTOIRE - I


Ce récit transmis en privé à la mairie du Vercors au mois de Septembre 2018 vient d’être publié pour la première fois .

VERCORS OU LES HOMMES DE LA CLANDESTINITÉ

 

Ce récit, inspiré d’une idée de l’auteur est dédié à la ville du Vercors. Il est basé sur des faits purement imaginaires. Toute ressemblance avec des personnes ayant existé ou encore en vie ne serait que le fruit d’une pure coïncidence. Les noms, dates, lieux ou autres ne sont donnés que pour apporter une âme à une époque longtemps révolue. C’est aussi et surtout rendre hommage à ces petits villages du Vercors, ils sont nombreux, et donner un sens au récit.

Le narrateur nous livre une petite partie extraite d’une de ses œuvres qui a pour cadre un petit village du Dauphiné en temps de guerre. Une belle peinture des crises sociales et du vécu quotidien des gens de cette petite province. Vercors, c’est le nom de ce petit bourg - il y en a tellement - c’est aussi la grisaille d’une vie médiocre mais douce où se mêlent l’absurdité d’un destin impitoyable, la bêtise des hommes, la douleur et l’angoisse, l’attente et la solitude, la fureur et l’envie de vivre, l’obsession et l’approche de la mort… et où dominent la passion et l’adultère, la vengeance et le désir, le bonheur et l’extase …. .
Une charmante évocation des mœurs paysannes et de la vie ancestrale des gens de la campagne d’un genre naïf et gracieux, que l’auteur aborde avec fougue et sensualité. C’est aussi et surtout un regard tendre et malicieux que ce dernier nous invite à découvrir ensemble.
Dans chaque récit, il y a des vérités ramassées et cousues par ci-par-là, qui ressortent d’elles-mêmes et qui nous transportent loin. Comme dans un conte de fées, on s’identifie à chaque événement heureux ou malheureux de la vie, le plus souvent, pour mieux y parfaire l’image que l’on se donne. On se laisse alors guider par le charme de l’histoire et pourquoi pas par cette imagination subtile qui nous pousse elle aussi, à y aller loin, beaucoup plus loin. Dans ce récit, il y a quelque chose de beau, de merveilleux dans ces petits villages du Vercors qui méritent que l’on s’y attarde à leurs portes et évoquer leur passé. Un passé qui n’a pas de fin. Quoiqu’il en soit, ce récit est et demeure le fruit d’une imagination.
L’on me dit que certains pourront y reconnaître un des leurs. De vieux parents, par exemple. Alors, tant mieux…


   Ou les merveilleux récits de l’auteur
   LE CRUEL DESTIN DES FEMMES DU VERCORS
Nous sommes en 41. C’est la guerre. La France est sous la botte des  boches. Les hommes meurent sur les champs de bataille. Vercors souffre lui aussi des atrocités de la guerre. Déserté par les hommes partis rejoindre le front et après avoir trop attendu, Vercors est tombé sous l’emprise des femmes. Vidé de ses hommes, il voit émerger une forte proportion de femmes au regard d’une population masculine presque quasi inexistante. Cette fois, les femmes du Vercors vont vivre dans la hantise de perdre un mari, un fiancé, un frère, un père… dans la peur de ne plus revoir ce corps ou dans la crainte de se retrouver seules face à un corps impuissant, impotent, extropié. La simple idée de se sentir éloigné de ce corps beau et sain et de se voir ensuite devant un corps inerte les effraie. Elle va faire naître en elles l’envie et le désir même de posséder un ou plusieurs corps, de jouir, de s’affirmer au contact d’autres corps encore en vie. Elles vont se battre contre l’absurdité d’un destin cruel qui s’acharne contre elles et contre leur petit village.

a.      LA REVANCHE DES FEMMES DU VERCORS
L’institution du mariage considérée comme sacro-sainte par les gens du village va perdre son audience et même son identité. L’alliance sacrée de l’église qui incite les corps à s’unir, pour le meilleur et pour le pire et selon les règles affectives du mariage va être bousculée. La morale puritaine est balayée. Les tabous solidement ancrés jusque là, vont être brisés. C’est ainsi, que les barrières sociales, l’échelle des valeurs, la pyramide des âges furent supprimées. L’image sempiternelle du coq et de la poule va changer de camp et basculer en faveur des femmes. Une belle revanche à prendre sur le corps humain et sur les hommes en général. Une revanche régie par l’idée aphrodisiaque que les femmes vont se donner à elles-mêmes.
Vercors perd ses valeurs universelles dans le silence. C’est la guerre, le choc ne sera que bouleversant.


b.     OLIVIER, LES FEMMES ET LES AUTRES …
Olivier a 42 ans. Il est veuf. Il exerce voilà près de 20 ans la fonction d’employé de poste dans ce petit village du Vercors. Il assure également le rôle de maire adjoint, cela fait bientôt plus de 10 ans. Depuis qu’il assume la lourde charge d’officier municipal, il ne se présente que deux ou trois fois à la poste du village. Chaque jeudi et tôt le matin, il emprunte comme d’habitude l’Estafette communale pour se rendre à Grenoble et y ramener le courrier du village, acheminé par les messageries des chemins de fer et déposé par les hommes de Vichy à la poste centrale de cette grande ville. C’est grâce à lui et à son travail de postier ambulant que les objets de correspondance arrivent en bon ordre dans les coins isolés du Vercors. Et si les Vertacomiriens arrivent à retrouver un peu d’espoir, le mérite lui revient. Il lui arrive fréquemment de quitter d’un coup son bureau d’élu municipal et de faire la tournée, quelque soit l’heure tardive, pour y remettre un télégramme en urgence ou une lettre exprès. Le cumul des tâches fait de lui un bourreau de travail. C’est chez lui, à la poste et à la mairie, que les femmes esseulées s’y retrouvent pour y envoyer ou retirer une lettre, encaisser un mandat ou une pension et chercher un réconfort. On dit qu’il apporte la joie et la peine. Une joie que les plus jeunes ne comprennent pas et sont loin d’approuver. Une peine que tout le village partage.
C’est ici, qu’Olivier va rassembler tous les éléments de son puzzle de « séducteur », de patriote, selon les plus avertis, et se frayer un passage dans le cœur de ces femmes qui s y rendaient souvent à la mairie du village pour y trouver une épaule solide. Et c’est ici, en ce lieu, que les femmes du village, Gisèle, Catherine, Marguerite, Josiane et tant d’autres vont se retrouver et cultiver l’envie de se rapprocher d’Olivier et des hommes en général.


c.      LA FACE CACHÉE DES GENS DU VERCORS
Le travail des patriotes n’est pas chose aisée. Il est quelquefois entravé par les tabous solidement ancrés dans certains petits villages de France. Un état d’esprit d’une population rurale, longtemps confinée dans un mode de vie ancestrale. Dans ce petit village du Dauphiné, des agents de la résistance furent pointés du doigt et accusés de courir le guilledou. Olivier, Marcel, Eric, Gisèle, Mme Martini, Marguerite, Bernadette … font partie de ces gens là. Des griefs infondés, selon les uns, sciemment entretenus, selon les autres. Des accusations gratuites qui servaient sans doute la résistance, dans cet autre sens. On disposait même d’un réseau de désinformation. S’agit-il d’une cellule spéciale destinée à brouiller les pistes ? Certainement que oui, certainement que non. On acceptait et pour une fois, l’étiquette abjecte de dépravés, pour le bonheur de la patrie, comme ce fut le cas ici. Il est vrai par ailleurs, que beaucoup minimisèrent le rôle des femmes du Vercors dans la résistance. On saura beaucoup plus tard que ces dernières furent des agents de liaison de la première heure et en première ligne et qu’elles ont bien servi la patrie. Mme Martini n’est pas la seule. Il y en a tant d’autres, à Vercors, à Valence, à Avignon…
Personne ne connaissait personne. Nul n’était au courant des activités de l’autre. On ne se voyait que très peu. C’était la règle. Les visites ne se faisaient qu’une fois seulement et dans un cadre bien défini. C’est parce que rien ne filtrait que les ragots fusaient bon train. C’est dire que le secret fut bien gardé.


d.     ON EN PARLE AU VILLAGE
On s’interroge tant dans ce petit bourg de la Drôme et on se demande pourquoi Olivier le fils du notaire multiplie les sorties la nuit tombée. C’est que sa présence nocturne irrite plus d'un et se fait lourdement sentir dans cette douce et paisible localité du Vercors. Une bonne et petite famille, disait-on, où rien ne passe inaperçu. On raconte qu’on l’a même vu quitter, il y a trois jours sa maison de campagne, une belle et charmante propriété, éloignée à quelques lieux du village et se rendre ensuite quelque part, vers une destination inconnue. C’est que, on aimerait bien savoir quelles sont les raisons qui peuvent bien pousser Olivier à quitter sa maison, la nuit tombée et s’aventurer loin du village. C’est que même les gendarmes de Vichy, comme on les appelle ici, sont au courant de ses sorties nocturnes et n’osent rien y faire. « C’est une affaire de cul » disaient-ils, tous bas, entre eux et ils n’en ont pas à s’en mêler. C’est aussi, l’époque dite collabo et tout le monde préfère s’en tenir à carreau. C’est au lavoir qu’on en parle le plus entre femmes. Les ragots n’en finissaient pas et les papotages vont bon train. C’est qu’elles n’arrêtaient pas de colporter les dernières nouvelles et à leur manière. On parle de la dernière incursion d’Olivier et on va même plus loin. On cite même les noms de ses conquêtes. Décidement, Olivier n’arrête pas de courir la prétantaine et ses folles aventures n’arrêtent pas de faire jaser.
C’est au café-bar l’Amiral, un point de relais incontournable de vieux boulistes que les plus âgés se retrouvent entre eux pour distiller les dernières nouvelles et déballer le linge sale du village. « C’est ici, que le linge sale de la famille doit être lavé, séché et repassé »  disaient-ils tout bas. D’abord, ils tiennent à s’assurer qu’il s’agit bel et bien de notre homme et au besoin savoir ce qui semble motiver ses sorties, la nuit tombée. « Il est bien possible que notre homme soit un patriote de la première heure et que personne ne le sait et qu’il rend visite à des contacts, la nuit » ajoutent-ils. « Ce qui n’est pas à exclure », affirment d’autres, tout haut. Certains ne sont pas de cet avis et sont même bien déterminés à frapper fort. « On n’attend pas à ce qu’il vient frapper à notre porte », clame-t-il, cette fois. Quelques-uns vont plus loin et envisagent même de lâcher les chiens, le moment venu. Histoire d’en faire un boucan et réveiller ainsi les gens endormis … « Comme ça, les paisibles citoyens endormis vont se demander à leur réveil ce qui peut bien amener Olivier ici à cette heure-ci, au milieu de la nuit. On saura ensuite quel est le but de sa visite et on en fera la risée du village. Il n’aura plus qu’à quitter le patelin », poursuivent-ils. Finalement, après s’être longuement concertés, on s’en remet une nouvelle fois aux propos des plus sages. On laisse le "temps faire", comme le dit le dicton. C’est la guerre et personne ne pense à s’entre-tuer.


e.      LES HOMMES DE LA CLANDESTINITÉ
Il fait froid et sombre, en ce mois de février 42. Il est près de 3h00 du matin. Le village dort, à l’exception de notre brigade de nuit vaillamment campée sur ses positions. Seuls les aboiements des chiens se font entendre au loin. Leurs cris déchirent le silence de la nuit qui tarde à céder la place aux premières lueurs du matin. Rien n’effraie cependant Olivier qui préfère les aventures de la nuit à celles du jour. Et tel un loup affamé, le voici qui surgit au loin. Il avance à grandes enjambées. Un large manteau gris le protège du froid et un long cache-nez lui cerne le cou. Un chapeau à large bord, légèrement incliné sur la tête, lui cache à moitié le visage. Il presse de nouveau le pas, s’arrête subitement, jette un coup d’œil à gauche puis à droite et s’engage une nouvelle fois à travers les dédales sombres et tortueuses des vieux faubourgs. Il marque de nouveau un temps d’arrêt, s’apitoie sur les murs de la pharmacie Violette, regarde dans tous les sens et comme pour se réchauffer les dix doigts, porte les deux mains à la bouche et imite le cri de la chouette. Cette fois, il n’aura plus qu’à attendre. Quelques instants après et voici ….
Le couple Béranger bibliothécaire dans la vie sociale et agent de liaison dans la résistance, abritait cette nuit là un groupe de résistants qui devait regagner le maquis, tôt le matin. Théodore, le mari, qui se trouvait en leur compagnie dans le sous-sol de son petit pavillon, leur dictait les dernières recommandations avant de passer de l’autre côté de la frontière. Quant à Hélène son épouse, elle avait pour stricte consigne d’assurer le guet du haut de la mezzanine, le bureau de travail des Béranger. De là, elle pourra disposer à sa guise et sans être vue, grâce à la lueur d’un réverbère, d’une bonne visibilité vers l’extérieur. Confiante et toujours disponible, elle ne cessa de regarder à travers les volets à demi-clos de la mansarde, tout en s’affairant à raccommoder à la lueur faible de la lanterne le linge propre de son fils Eric, qui devait lui aussi rejoindre le maquis en compagnie du gros de la troupe. Soudain, elle sentit une étincelle vive et passagère lui passer à travers le visage. Une lumière qui s’allume et qui s’éteint, comme pour signaler quelque chose d’anormale et qui provenait de la chambre à coucher de madame Martini, la voisine d’en face. Intriguée et ne sachant que faire, elle court aussitôt en informer les patriotes qui se trouvaient toujours retranchés dans la cave, une carte routière étalée sur un bureau, et prêts à la moindre alerte. « C’était d’abord un signal lumineux, une lumière qui clignotait en un temps très bref, comme un flash lumineux, qui provenait de la chambre à coucher de madame Martini, la voisine d’en face » devait-elle dire, tout effrayée et tout bas, aux rebelles qui l’invitèrent au plus vite à regagner son poste d’observation et ne point bouger. Et c’est à ce moment là, qu’elle vit à travers les lamelles des persiennes à demi-baillantes de la soupente, un homme pousser le petit portail en fer forgé, laissé sciemment entrouvert, de la charmante propriété des époux Martini et s’engouffrer tête baissée, dans la cour du jardin. C’est Olivier, le fils du notaire, c’est bien lui, elle est formelle, qui rendait visite dans le plus grand secret à madame Martini, dont le mari est secouriste ambulancier dans la croix rouge internationale. Cette dernière l’attendait dans le hall, la main sur le poignet de la porte d’entrée principale, légèrement entrebâillée. Le chien tenu en laisse à l’arrière de la cour, sans doute habitué aux entrées et sorties de notre homme, n’a pas aboyé, cette nuit là. Olivier y passera la nuit « bien au chaud ». Il y restera jusqu’à la nuit suivante et ce n’est qu’au petit matin, quand la milice s’est endormie, qu’il donnera congé à son hôte.
Les époux Béranger, étant bien entendu tenus au secret confidentiel, « n’ont rien vu ». D’ailleurs, eux d’un rang social élevé ne sont pas de nature à colporter les bobards ou les ragots ni à raconter ce qu’ils voient ou ce qu’ils entendent. À l’exception de notre brigade de nuit et des sages du village, les gens du patelin n’ont rien appris de cette triste aventure. Ils ne le sauront que peu après. Cependant, les rebelles ont bien ri, cette nuit là. C’est ainsi qu’ils composeront un poème satire qui ira rejoindre les chants du maquis et qui sera fredonné beaucoup plus tard dans ce petit village de la Drôme. Tout comme les belles chansons de jadis, du temps du rouet, il apportera la joie, la chaleur, la gaieté et les rires dans les petits foyers de la Provence.


f.        AUX ARMES CITOYENS…
Dans la forêt du Vercors les patriotes s’affrontent au corps à corps
Le patriotisme renforce leur héroïsme et les rends encore plus forts
Il brave la mort et apporte dit-on, le réconfort
A Valence, dans ce petit bourg, haut-lieu de la résistance.
Des corps ivres d’ardeur et de chaleur se livrent aux plaisirs charnels des sens
Les maquisards portent le fusil pour l’amour de la patrie
Et les casanovas se retrouvent dans le lit à la tombée de la nuit
Ici, on s’en fout de l’honneur de la France et de « la voix de la résistance »
Les gens du Dauphiné parlent cette fois d’une offense et crient Ô vengeance
Sait-on qu’un sang chaud innerve les veines des jeunes de La Dauphiné ?
Bien décidés à donner à ces gens là une bonne raclée
Et mettre fin aux appétits sexuels de ce séducteur-né
Comme ça, on saura de quel bois se chauffent les Dauphinois
 
Acte I
La nuit tombée, Olivier s’empresse de rejoindre cette petite maisonnée
Pour y retrouver à son grand bonheur la douceur de l’oreiller
Le couple ivre de frénésie savoure les délices de la vie au pied du lit
Il se livre aux joies de la caresse et se délecte au charme de la tendresse
Cette nuit là, les doigts sur la gâchette et prêts à la moindre alerte
Les rebelles ont failli faire fête à ce trouble-fête qui n’en fait qu’à sa tête
Il s’en est fallu de peu et les patriotes auraient ouverts le feu
Il a une chance inouïe que les rebelles forts aguerris n’aient pas tirés sur lui
Autrement dit, ce jour là, il aura péri
On dit qu’il dispose d’un beau trophée qu’il n’est pas facile à remporter
Madame Martini détient la douzième place dans son tableau de chasse
Un beau palmarès, dont la dernière proie serait une infirmière qui a pour prénom Agnès

Acte II
Aujourd’hui, Lily le petit chat cède le rebord du lit
Qu’il partage assez souvent avec madame Martini
Lui, qui n’apprécie guère les folies et les acrobaties dans le lit
Se refugie quelque part, au risque de croiser cette tête de lard
Il n’aimerait pas voir ce malappris coucher près de lui
Et souhaiterait bien qu’elle s’en débarrasse à tout prix

Acte III
Comme toujours, on se réfère à monsieur le maire qui dit qu’il ne peut rien faire
L’idéal, ajoute-t-il serait plutôt de se taire
Et de laisser faire, surtout en ce temps de guerre
Il invite toutefois chacun à veiller à son grain
Au risque d’avoir affaire à ce vaurien
Je comprends, avoue t’il, qu’Olivier
Ce fou à lier, mène une vie désordonnée
C’est sa vie privée, et je n’y peux m’y ingérer
S’il préfère sortir tard le soir, la nuit ou quand le soleil luit, c’est son affaire à lui
Sachez une seconde fois que je n y peux rien faire, c’est la loi
Dira-t-il tant de fois aux villageois
Ces derniers, qualifient ses propos de langue de bois
Et évoquent même l’idée d’une vendetta à coup de Beretta
Cette fois, on sollicite l’aide du curé qui dit que forniquer est un pêché
Et les auteurs méritent d’être châtiés
Il leur appartient néanmoins de se confesser
Pour expier les fautes passées et ne plus y recommencer …

Acte IV
Mais on se demande qui est ce satané curé
Qui nous tient un pamphlet à nous tenir éveillés ?
Il nous parle de moralité alors qu’on n’arrête pas d’explorer
Les cavités de nos femmes esseulées, le plus souvent éplorées
Mais sait-il qu’il s’agit de laver l’honneur de nos parents bafoués ?
Qu’on nous laisse enfin tordre le cou à Olivier et le rouer de coups …

Acte V
On nous dit que la maréchaussée est au courant de ses activités
Elle prépare un dossier bien ficelé intitulé « les gaffes d’Olivier »
Qui attend tout juste d’être remis au parquet
Ceci dans l’espoir de voir ce fumier d’Olivier embarqué
Et incarcéré à la maison d’arrêt et pour l’éternité


g.      LE REGARD PASSIONNÉ DES FEMMES DU VERCORS
Le regard porté par les femmes du Vercors sur les hommes des villages est plus que passionné, il est comme dominateur. Les œillades lascives tendres et craintives au début vont s’affirmer peu après possessives. L’esprit de séduction et de vengeance va naître et prospérer. Il va même s’imposer. Les conflits de la chair et de la passion vont se manifester. Ils seront les plus forts.
La libération des contraintes sexuelles et sociales va émerger dans Vercors et au-delà des villages et des villes avoisinantes.

h.     LA LIBÉRATION, LES HOMMES ET LE CORPS DES FEMMES
Vint la libération, la France est libre. C’est la démobilisation générale, c’est aussi la grande évasion. L’Europe savoure en liesse la victoire, l’Amérique s’extasie, la Russie fête, elle aussi, et à sa manière, la victoire. Tout comme lors de la Première Guerre mondiale, on assistera, impuissant, à la ruée massif des hommes du front vers tout ce qui incarne le sexe opposé, c’est-à-dire tout ce qui brille chez la femme. Le corps de l’homme, ira se jeter avec fracas sur le corps de la femme et l’éclabousser. Il fera d’abord, l’objet d’une idolâtrie. Il sera ensuite disséqué, analysé telle une toile entre les mains d’un artiste-peintre. Le mythe Apollon s’efface peu à peu et disparaît. Il laissera place au culte de la virilité et de la sexualité bestiale qui vont apporter leur lot de perversité. Marthe Richard, qui en fit l’expérience parlera pour la première fois d’abattage. Elle propose même de fermer les maisons closes et fit même voter une loi visant leur fermeture.
Pour les femmes du Vercors, vouloir le corps de l’homme en temps de guerre, ce n’est qu’un simple désir et pour mieux le chérir.
Pour les hommes du front, vouloir le corps de la femme en temps de paix, c’est pour mieux le pervertir et pour mieux le travestir.


i.        LE CORPS, OTAGE DE DÉSIR
Si les femmes du Vercors ont fui, ou plutôt redoutaient, comme on dit, l’impuissance de leurs maris, il n’empêche qu’elles ont été aux côtés de leurs compatriotes et qu’elles se sont avérées par la suite de fidèles compagnons d’armes. Impuissance et compagnie ne forment cette fois qu’un.
Si les « tondues » ont fui leurs proches parce qu’elles ont préféré la vigueur physique et morale des nazis à celles de leurs concitoyens, elles n’auront par contre rien gagné et même tout perdu. Ce ne sera qu’éphémère. Elles auront perdu et leur patrie et leur dignité de femmes françaises. Leur tort est d’avoir collaboré en temps de guerre avec l’ennemi.


j.        UN SEUL IDÉAL
Il n’y a rien de surprenant à ce que l’un passe la nuit chez l’autre, à condition que l’on soit séparés, les hommes d’un côté, les femmes de l’autre. On peut occuper à deux une seule pièce et s’offrir quelques moments de plaisir si l’on passe pour un couple marié et si la situation l’exige. Il est possible que les sentiments des uns et des autres diffèrent, mais toujours est-il qu’un seul idéal anime ces hommes, celui de la patrie. On citera, pour cet autre exemple, le cas des faux époux Turenge chargés de saborder le navire le Rainbow Warrior de Greenpeace. Une série rocambolesque digne d’un feuilleton télévisé. Des « acteurs » qui disparaissent de la scène médiatique comme par enchantement. Des têtes qui tombent et qui s’en vont. D’autres qui ressuscitent et qui s’affichent aux médias. Tricot que l’on dit irréprochable se voit induit en erreur … et la France, toujours déchaînée est plus que jamais passionnée.


k.     LES DESSOUS DE LA RÉSISTANCE
On saura peu après la libération qu’Olivier fut un agent de l’ombre et qu’il eut à mêler dans son long parcours de patriote sexe et patriotisme. La situation le permet dans certains cas précis. On saura également qu’il fut investi d’une mission un peu spéciale, qu’il eut à gérer avec brio. Celle d’avoir l’œil sur l’arrivée et l’envoi du courrier. Les lettres, seules moyens de communication à l’époque furent une piste privilégiée. Une correspondance échangée entre deux ou plusieurs personnes en temps de guerre peut cacher quelque chose. Elle va leur permettre de recueillir quelquefois des renseignements sur l’ennemi qui peuvent être d’un grand secours pour la résistance. Elle va même les aider à corriger le cas échéant les leurs.

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