dimanche 3 novembre 2019

DOMAINE LAURENT VIDAL


L’ex DOMAINE LAURENT VIDAL dit HAOUCH KAOU-KAOU - LES EUCALYPTUS -I- SIDI-MOUSSA
- Journal d’un enfant du pays –
photo prise le 19 août 2017 – 10h du matin
Kaou-kaou, il se dit de quelqu’un qui bégaie et qui éprouve certaines difficultés à y articuler convenablement les mots. Ici, dans ce récit, le terme de Kaou-kaou désigne l’ex propriétaire du domaine. Il s’agit probablement de Laurent Vidal dont on dit, de lui, qu’il a du mal à prononcer correctement les mots et dont le langage proche de la dyslalie évoque celui d’une cigogne. Kaou-kaou s’écrit en arabe قاو قاو.
Il fait également penser à l’action que fait un bègue qui, au moment où il s’efforce d’articuler les mots émet un son identique à celui que fait un échassier.
Pris en mauvais part, il s’emploie abusivement pour désigner un édenté dont les dentiers du haut et du bas délogés de leurs points d’appui s’entrechoquent ou s’égrènent sur elles-mêmes et font rappeler le son ou claquette que fait un échassier. On dit alors que ce dernier Ouak-ouak, allusion faite au cri que fait cet oiseau. Ouak-ouak s’écrit en arabe وق وق.
Ouak-Ouaaak, c’est le nom usuel que l’on donne à un échassier de petite taille dont l’apparence rappelle celle d’une cigogne ou d’une aigrette. On parle de ce bel oiseau de campagne, commun aux pays chauds, à plumage doux et soyeux qui, à la belle saison, se pose en grand nombre, durant les heures de sieste ou pendant la nuit, sur les toits de chaume et sur les tuiles romaines, en y battant des ailes et en y poussant des cris désagréables à l’ouïe. C’est aussi un oiseau des champs qui, au moment des labours, envahit les terres en guéret, à la recherche de brins de vermisseaux.
Ouak-ouaaak, c’est le cri qui marque le son fort et prolongé que fait la cigogne en ouvrant le bec.
Dans le vocabulaire arabe, Ouak – ouaaak est doté d’une barre de fraction dite « alif » qui consiste à faire distancier la dernière voyelle « a » avec la consonne « k ».
Ouak – ouaaak s’écrit en arabe وق واق.
Kaou-kaou, Ouak-ouak, Ouak-ouaaak appartiennent à une même famille et désignent beaucoup plus l’onomatopée de la cigogne.
Selon les ornithologues, il s’agit de ce bel oiseau vivant en bande que l’on appelle aigrette, qui se pose généralement sur les toits de chaume, sur les ardoises, sur les tuiles romaines et sur les tuiles des maisons de l’ancienne Provence. On le revoit également dans les tours, les clochers, les donjons et sur les hauts des minarets où il préfère nicher.
Observons cette figure de métathèse qui nous renvoie à une introversion par laquelle les dernières voyelles de Kaou-kaou a, o, u vont se déplacer pour passer au premier plan et en faire ainsi Ouak-ouak. Quant à la consonne « K » sur laquelle repose tous les espoirs, elle n’acceptera que difficilement d’être éjectée de rang de chef de file pour occuper finalement la dernière place. Elle ne cessera de clamer son indignation haut et fort avec des cris répétés et prolongés de Ouak-ouaaak.
L’ex DOMAINE LAURENT VIDAL dit HAOUCH KAOU-KAOU - LES EUCALYPTUS -II- SIDI-MOUSSA
- Ou le parfum des eucalyptus –
photo prise le 19 août 2017 – 10h du matin
Les Eucalyptus, une belle et vieille variété d’arbres importés, dit-on, de l’Australie et du Midi de la France, plantés ici vers la fin du XIXe siècle et qui donnera peu après son nom à ce petit village devenu grand.
On voit, à l’ombre de ce vieil arbre, à tronc énorme, une feuille de Verpal soutenue par une bonbonne en plastique et un fut métallique, sur laquelle on y voit étalées quelques tiges de plantes potagères ; coriandres, persils, céleris et blettes forts prisées dans les plats traditionnels arabes.
On aperçoit également fixés sur le fût de l’arbre des sachets en plastique de couleur verte destinés à y servir d’emballage pour de futurs achats.
On rapporte, que vers la fin du XIXe siècle, les vignerons et les maraîchers arabes venaient souvent s’adosser à l’ombre de ce vieil arbre, devenu colossal, pour s’y reposer et y prendre un repas frugal (tomates, oignons, carottes, pommes de terre bouillies …).
l’ex DOMAINE LAURENT VIDAL dit HAOUCH KAOU-KAOU - LES EUCALYPTUS -III- SIDI-MOUSSA
- Chapeau de paille et toit de chaume –
photo prise le 19 août 2017 – 10h du matin
On aperçoit sur la photo l’entrée de l’ex Domaine Vidal actuel « Haouch Kaou-kaou ».
-         Authentique scène de vie campagnarde et vieille ferme d’autrefois constituée d’un grand corps de ferme, doté de caves vinicoles, de cellier, d’un pailler, de box à chevaux, d’une remise, d’un entrepôt pour victuailles, d’un four à pain, d’un pressoir à vin ou cuverie, d’un chenil, d’une porcherie, d’un lavoir, d’une maison de gardien, d’une sellerie et d’un dortoir pour vendangeurs …
-         Merveilleux tableau d’une belle époque champêtre qui nous entraîne dans l’épopée joyeuse du Mas Théotime d’Henri Bosco.
-         Peu de choses ont changé à l’exception de la murette de ce charmant clos qui connaîtra une petite surélévation en pierre de parpaing destinée à cacher l’intérieur de la cour.
-         Derrière ce mur en pierres de parpaing, on y voit un mirador ou guérite, c’est d’ici que se faisait le guet du factionnaire du domaine qui avait, me dit-on, les yeux partout.
-         On distingue à l’entrée de cette propriété de maître - le portail étant entrouvert - deux colonnes munies chacune d’un chapiteau et d’un tailloir sur lequel repose 7 tablettes saillantes. Un abaque ou signe distinctif qui nous renseignent, selon certains, sur le degré de cotation qu’occupe cette propriété, parmi tant d’autres. Un signe de grandeur qui représente également l’échelle des valeurs humaines auquelle à droit le maître des lieux dans la hiérarchie sociale.
-         Ce sont ces longues veillées familiales au coin du feu ; c’est le bruit infernal de la pédale du rouet de nos vieilles mamans qu’on entend au loin ; c’est le chant des cigales qui apporte la solitude et qui vous donne la chair de poule au moment du coucher ; c'est le chuinte lugubre de la chouette qu'on chasse à coups de tire-boulettes ; c'est le chant du coq qui pousse le valet d'écurie à sauter du lit, hors de lui ; c'est le croassement hideux du corbeau qui vous incite à rebrousser chemin et ne pas tenter d'y aller plus loin ; c'est le hurlement du loup qu'on entend la nuit au loin et qui nous pousse à nous blottir ensemble dans son petit coin ; ce sont ces œufs de poule fraîchement pondus qu’on ramasse le matin, après avoir quitté brusquement le lit, pour en faire un œuf à la coque ; ce sont ces castors, campagnols, marmottes, blaireaux, qu’on traque pendant la saison des labours ; ce sont ces petits têtards qu’on taquine à coups de bâton dans les étangs ; ce sont ces petits oisillons qu’on déniche de la cime des arbres ; c’est aussi le coassement des grenouilles qui se fait entendre au loin et qui vous donne des frissons la nuit tombée. Cette fois, c’est notre père qui arrive et qui se déplace d’une chambre à une autre, une lampe à l’huile à la main, pour s’assurer que tout le monde est au lit. Ce sont ces soupirs, ces chuchotements, ces halètements qui provenaient de la chambre à coucher de nos parents, qui nous effrayaient au début et qui nous gavaient de rires beaucoup plus tard. Une nouvelle fois, ce sont les lurons de la Guerre des Boutons de Louis Pergaud qui nous assaillent de nouveau et de partout.
L’ex DOMAINE LAURENT VIDAL dit HAOUCH KAOU-KAOU - LES EUCALYPTUS -IV- SIDI-MOUSSA
- L’ivresse des temps anciens –
photo prise le 19 août 2017 – 10h du matin
-         Focalisons de très près l’inscription portée sur l’épigraphe de cette cave qui se trouve derrière cet arbre et l’on voit apparaître timidement l’inscription -1900- date de fondation de ce vieux domaine.
-         Observons la solidité de cette porte en bois, sciée à la scie égoïne, taillée probablement avec une herminette et façonnée à la râpe, au ciseau et au burin et dont l’œuvre remarquable semble avoir été exécutée avec soin et raffinement.
-         On croit savoir que c’est pour empêcher les odeurs volatiles de s’échapper de l’intérieur de la cave et de leur permettre de se concentrer uniquement au-dedans de celle-ci, afin d’y obtenir une bonne fermentation des vins. Une meilleure opération de distillation du vin qui donnera également de l’alcool.
-         C’est ici, à travers cette porte que se faisait la sortie des barriques de vins. Les tonneaux sont poussés à la main ou traînés par une remorque de bourrique jusqu’à la sortie. Ils seront aussitôt hissés au moyen de deux traverses en bois posées en oblique sur une charrette pour y être embarqués ensuite sur un attelage de chevaux.

LES VIDAL, UN NOM, UNE ÉPOQUE, UNE LÉGENDE …
De Pierre Vidal ou l’auteur de l’illustre pharmacopée pharmaceutique française à son ex maison d’édition du champ de manœuvre, à son ex appartement de la rue Mogador, Alger et à cette Algérie qu’il quittera en 65.
À Vidal et Manégat, l’ex fabricant de bâches, sacs, cordages et son ex usine de la rue du bd Joffre, Oran.
À Henri Vidal, l’ex propriétaire des autocars de l’ex A.T.AN qui portera ensuite l’appellation de SA.TA.C dont le siège se trouvait au … Victor-Hugo à Hussein-Dey.
À François Vidal et ses ex ateliers de réparations navales et de constructions métalliques situés au rue Mirauchaux à Oran.
Et à cet autre Vidal dont les ex terres couvertes de vignobles et d’arbres fruitiers inondaient de leur clarté verdoyante les belles prairies de Chéragas.

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