3ème
partie
Ce chapitre,
fruit d’un long travail d’investigation, est un recueil à caractère historique,
sociologique, culturel et littéraire. Il est dédié à tous mes amis d’Alger,
du Ruisseau,
de Aïn-Taya et à la Bibliothèque Nationale d’Alger.
de Aïn-Taya et à la Bibliothèque Nationale d’Alger.
Les photos,
à l’exception de celles des originaux, les commentaires ou autres, insérés dans
cette rubrique appartiennent dans leur intégralité à l’auteur. Toute
reproduction, même partielle du contenu de cet ouvrage, sans l’accord préalable
de son propriétaire, est strictement interdite.
Pour des
raisons exceptionnelles et contrairement aux éditions précédentes, la nouvelle
collection Les Dossiers de l’Histoire ne sera pas rendue publique.
CES VOIX
VENUES D’AILLEURS
Une agitation
fébrile, des têtes stériles*, des esprits débiles*, une
santé qui ne tient qu’à un fil, ces messieurs venus d’ailleurs, s’efforcent de
hisser sur des épaules fragiles et des pieds en argile la roue de « la
démocratie » qui risque de mettre leur vie et leur pays en péril. Ce ne
sera ensuite que ruine.
LE PÉRIL DAECH OU LE MAL DE TOUS LES SIÈCLES
Le péril Daech est beaucoup plus dévastateur que tous les fléaux
de la nature y compris les fléaux sociaux. Il est également et de loin,
beaucoup plus destructeur que l’ensemble des armes nucléaires réunies qu’elles
soient présentes ou à venir. Si les trois premiers (fléaux de la nature, sociaux,
armes biologiques et chimiques) iront exercer leur influence sur l’homme, sur
terre, sur les mers, dans l’atmosphère,
dans les airs et dans les cieux….Daech préfère, quant à lui, se loger
dans les têtes et s’infiltrer dans les neurones* pour mieux inoculer
son venin et mieux perpétuer son cycle reproducteur.
Une meilleure façon de transmettre le patrimoine génétique, s’il en possède
et donner naissance à une nouvelle espèce d’êtres vivants, qui n’auront rien à
envier à Attila et à son peuple barbare, les Huns.
Ce
récit a été écrit au lendemain des évènements douloureux qui ont ébranlé la
nation arabe. Pour des raisons purement exceptionnelles, sa publication a été
différée à ce jour.
LA DÉMOCRATIE, UN ÉTAT D’ESPRIT, UNE CULTURE …
Vêtement
d’un jour
« Le
vêtement est l’un des meilleurs indicateurs de l’état d’esprit d’une société.
C’est par l’habit que se lisent dans le spectacle de la rue, les clivages des
castes et les conflits des générations. Un simple coup d’œil sur l’apparence
des foules permet d’en saisir les mouvements profonds … »
Vêtement
d’un jour – Frédéric Gaussen – Le Monde Dimanche du
29/11/1981.
L’UNIVERS DÉMOCRATE
La
démocratie est un vêtement de luxe qui a déjà épousé les aspérités de notre
corps. Un bel habit cérémonial qui a intégré depuis bien longtemps les valeurs
intrinsèques de notre civilisation.
Il
transporte avec lui tout un univers endolori fait de révoltes brisées, de cris
étouffés, de plaintes déchirées, de larmes asséchées, de peines dissimulées, de
douleurs ignorées, de sang versé, de cadavres piétinés, de noms oubliés …
a.
LA DÉMOCRATIE, UN VÊTEMENT BIOLOGIQUE
·
Inutile de l’imposer à son corps,
c’est lui faire courir un risque.
·
Le remettre à quelqu’un d’autre,
c’est exposer ce dernier à des radiations secrètes.
·
Le céder pour un temps à un corps
étranger, c’est faire éveiller en lui des souvenirs pesants.
·
En faire don à une œuvre charitable,
c’est un peu de soi-même qu’on jette aux pâtures.
On n’échappe pas à ses
classifications… On ne se défait pas facilement du produit d’une civilisation
durement acquise. On ne remet pas facilement à autrui le fruit de notre lutte.
L’onde de choc
de Mac-Mahon, de Cavaignac, de Thiers, de Spinola,
de Salazar, de Pinochet … continue toujours de frissonner
dans ce monde de la brisure.
b.
LA ROUE DE LA DÉMOCRATIE
La
démocratie, un bel habit de velours, pourtant mal-aimé par certains : L’endosser,
c’est pénétrer dans un monde turbulent. La situation en Syrie est à la
fois alarmante et préoccupante. Les grandes nations s’en mêlent sans y parvenir
à faire ni à trouver quelque chose pour ce pays. Tout le monde s’y met de la
partie.
·
L’amputation par la France
d’une partie de la Syrie et la création en 1928, d’un État libanais
continuent toujours de peser lourd dans l’échiquier baâthiste. Elles y sont
pour beaucoup dans le malaise syrien. C’est cette crainte tant redoutée par les
baâthistes qui craignaient de voir leur pays morcelé une nouvelle fois - eux
qui rêvaient toujours de récupérer leur Liban - qui a fait la force de Béchar-el-Assad et qui a fait de lui un intransigeant.
·
Le démembrement par la Grande-Bretagne
d’une partie de l’Irak et la formation, en 1914, d’un Émirat
koweitien a toujours marqué les esprits baâthistes irakiens qui n’arrêtaient
pas de revendiquer leur souveraineté sur cette province indûment confisquée par
les britanniques et cédée à d’autres. C’est cette politique coloniale à
caractère expansionniste non reconnue par les baâthistes qui fut à l’origine de
l’annexion du Koweit par les hommes de Saddam en 90.
·
La France et la Grande-Bretagne
continuent toujours de légitimer l’annexion de leurs vieilles colonies et
donner un sens à leurs anciens tracés frontaliers. Oui, mais jusqu'à
quand ?, ils finiront toujours par s’en lasser tout comme le furent les
grands conquérants d’hier, les Allemands, les Hollandais, les Portugais, les Espagnols,
les Belges…
C’est être
la proie de forces invisibles : Le cas du Yémen en est
un triste exemple. Soutenue par l’Iran, une faction tribale dissidente,
les Houtis, chasse le régime en place et prend le pouvoir. Elle impose
un islam chiite aux portes des wahabite. Inquiets pour leur sécurité, les pays
du Golfe se donnent le titre de « coalition arabe* »,
mobilisent toute une armada aérienne et s’engagent dans un conflit qui dure.
C’est faire
le deuil de sa civilisation : La Tunisie est à bout de souffle.
Elle n’en peut plus. Elle veut se débarrasser coûte que coûte de ce lourd
fardeau qui lui pèse sur les épaules, entendons par là ses valeurs islamiques,
qu’elle renie le plus souvent et qu’elle porte douloureusement sur son dos. Tout
comme la Turquie, la Tunisie souhaite faire un mariage mixte et
quitter définitivement le continent africain où elle s’ennuie à longueur de
journée. Elle continue toujours de faire la fine bouche lorsqu’il s’agit de
rejoindre les pays arabes. Elle n’arrête pas non plus de lorgner du coin de
l’œil l’Union européenne, difficile à
pénétrer. La Tunisie ne cesse de réaffirmer son attachement à l’Occident
qui lui fait à chaque fois la sourde oreille. Il l’invite, dit-on, à entrer
dans les rangs et marcher au pas. Pour cela, elle doit payer le prix fort,
renoncer à son islamisme, à ses valeurs intrinsèques de bon musulman, à son
identité et à son panarabisme. L’Occident n’est pas facile. Il n’est point un
modèle recommandable… . Pour le moment, elle s’efforce de rejoindre le Liban
et pourquoi pas, le devancer.
Quoiqu’il en
soit, le monde arabo-musulman demeure toujours imprégné de l’apogée
civilisationnelle des sciences et des arts de la ville de Kaïraouan. Une
époque où la prestigieuse médersa de Zaïtouna fut le modèle exemplaire
de l’enseignement de la foi religieuse dans le monde arabe.
On est bien loin
de Mongi Slim, diplomate hors pair et grande tête d’affiche de la
diplomatie onusienne des années 60. On n’y manquera pas également d’évoquer les
grands noms de la diplomatie tunisienne, les Chadli Ayari, Tayeb Slim,
Bahi Ladgham, Ahmed Mestiri, Hédi Nouïra, Ahmed Bensalah.
Cette fois,
« le Bey ne fera plus son entrée dans Tunis. »
C’est être
sujet à des troubles sociaux : Le sort de l’Égypte ne nous laisse
pas indifférent.
Les
islamistes lui barrent le chemin de la modernité et l’invitent à rejoindre les
rangs d’un islam rigoriste, seule solution, lui disaient-ils. Une révolution
qui sera cueillie comme un fruit mûr par ces derniers. Une nouvelle fois, les
islamistes passent à travers les mailles du filet. Ils vont exploiter le
mécontentement populaire.
C’est se
soumettre à une influence extérieure : Le scénario libyen est terrifiant. C’est
permettre à quelqu’un de glisser les deux jambes dans le même pan et de
trébucher. C’est donner l’occasion à un corps étranger de se faufiler à travers
les contours de notre silhouette, d’en prendre une forme difforme et d’en
revendiquer ensuite l’appartenance.
La valse
diplomatique ou le ballet de la mascarade auxquels se livrent les grands de ce
monde, l’Occident, les États-Unis et la Russie en Libye, nous renseignent sur l’état fragile de ce pays qui n’arrive toujours pas
à prendre le train de la modernité au moment opportun. La Libye est devenue le bal du mardi gras où chacun veut y prendre part à la
danse. C’est la fête de la lavande. On y accourt de loin et de partout.
c. LE JEU
TROUBLE DANS LES EAUX TROUBLES
-
Au
début du conflit, l’Italie s’insurge contre le mauvais traitement infligé à son Pinocchio et parle même de se retirer du jeu en
raison du martyre exercé sur Burattino,
Pierrot et Pupazzo.
-
La France réclame elle
aussi, son Guignol à elle et dénonce les mauvais sévices endurés par son
Polichinelle et évoque même le discrédit jeté sur son bel habit d’Arlequin.
-
La Grande Bretagne n’arrête pas de se mouvoir et de nous émouvoir pas le
style burlesque de Mister Bean .C’est elle, le dandy de la fête et
de tous les temps et c’est elle, qui détient les clés du dandysme.
-
L’Oncle Sam court, vole et
veut bien faire partie de la fête. Il tient à s’assurer que tout est en place,
que tout se passe bien et que personne ne manque de rien. C’est une vieille
tradition à lui et il ne peut s’en passer. Il a, dit-on, un vieux compte à
régler avec ces gens là et il attend patiemment.
-
La Fédération de Russie*
se garde de mettre les pieds, là où les autres l’ont devancée. Elle ne veut ni
« entrer dans le jeu » ni « entrer en jeu ».
C’est un terrain miné, dit-elle. « Gardez-vous ! Gardez-vous ! »
ne cessait-elle de recommander aux libyens.
La Libye
offre le spectacle d’un ballet de carnaval où seuls les grands de ce monde ont
droit à la parade.
d.
LA DÉMOCRATIE, CE BEL HABIT MAL-AIMÉ
Revêtir
l’habit de la démocratie ne va pas sans heurts ni encombre.
C’est offrir
son corps à la vindicte populaire et finir ses jours en habit de haillons.
C’est se retrouver à nu et n’avoir plus rien à se mettre pour protéger sa
nudité. Le sort de la Tunisie en est tristement révélateur.
C’est se
laisser entraîner dans sa folie meurtrière par la barbarie des temps anciens.
La colonisation britannique qui a engendré de profondes séquelles au Yémen
aura laissé derrière elle un corps meurtri livré à l’abandon. L’histoire du Yémen
nous renvoie dans les bas-fonds de la
préhistoire. Elle est le résultat d’un mal profond et de surcroît incurable.
C’est
succomber aux forces du mal. La Libye souffre et fait pâtir ses voisins.
Un pays, profondément déchiré qui continue toujours à se déchirer. Un pays qui
n’arrive pas à trouver son chemin ni à se frayer un chemin. Le recours à des
combats fraticides en est la pure preuve d’un pays longtemps isolé de la scène
internationale.
C’est être
disséqué, découpé, tronçonné et tiraillé de toutes parts. La Syrie est
en feu, le torchon brûle. L’Occident et les États-Unis continuent
toujours de jeter de l’huile sur le brasier. L’intervention étrangère en terre
de Syrie n’aura fait qu’accroître la tension dans la région. La Syrie
peine à se relever. Quant à se déployer, c’est toute une histoire.
C’est faire
le lit de sa mort, de ses traditions millénaires. L’Égypte parle de son
vieil empire pharaonique menacé. Le spectre de la guerre civile continue
toujours de planer dans un pays gagné par la révolte. Les islamistes s’opposent
au renouveau et contestent l’idée du port de l’habit démocrate. Brocardé,
l’habit traditionnel sera retaillé et remis au goût de la conjoncture. On y
évoque dans les coulisses le mot « chouracratia », un régime
politique où la vie sociale sera administrée par une assemblée religieuse régie
par la foi coranique. L’Égypte s’embrase une nouvelle fois. Elle aura de
la peine à se reconstituer.
Enfin, et
pour de vrai, c’est n’être plus rien, on ne ressemble à personne. On aura du
mal à se débarrasser de ce bel habit encombrant.
e.
L’HABIT DÉMOCRATE ET LES TEMPS NOUVEAUX
L’exposer
dans un musée est semble t’il la meilleure solution, selon certains. Surtout
pas, nous suggère avec insistance la voix de la sagesse ancestrale. L’envoyer
dans un musée, c’est un peu de son intimité qu’on exhibe à la curiosité des
autres, qu’on étale au grand jour, qu’on dévoile au regard du public.
-
C’est faire étalage de l’épopée
historique de son temps et aborder les vicissitudes de l’existence de son
époque. C’est faire appel à la résurgence d’un passé douloureux. Le spectre de
la guerre civile demeure toujours présent dans la mémoire de beaucoup d’entre
nous … Les manuels d’histoire nous font revivre amèrement les années sombres
des Trois glorieuses où le képi du polytechnicien, le haut-de-forme du
bourgeois et la casquette du fermier se sont retrouvés côte à côte à Cahors pour
affronter la garde royale, lors de la révolution de 1830.
-
C’est succomber
au mauvais œil et au regard maléfique des autres et se soumettre aux railleries
des temps nouveaux. L’habit de Charlie Chaplin n’en finit toujours pas par son
personnage bouffon et son accoutrement grotesque (veste étriquée, pantalon en
accordéon …) à nous faire rire, un siècle après. Et pourtant, l’habit
démocrate n’arrête pas de nous faire pleurer au fil des années. Quel
paradoxe ! Une belle revanche à prendre, n’est-ce-pas ?
-
C’est faire l’éventaire de
l’anatomie de son corps, de son squelette, de son aspect harmonieux, de sa
silhouette, de ses mouvements uniformes et afficher les vices et les ridicules
de son temps … Quel regard porte-t-on aujourd’hui sur l’habit des muscadins, si
cher aux Royalistes, qui fut à son « honneur » sous l’époque du Directoire
et qui sera tourné en dérision, peu-après ?
-
C’est dévoiler cette capacité
magique qu’il a à subjuguer son porteur, à galvaniser son monde, à séduire son
public, à capter l’admiration des hauts dignitaires et à influencer les
générations futures. L’habit ecclésiastique à longtemps marqué l’esprit de la
jeunesse et la vie politique en France, au début de XXe siècle. Les
congrégations religieuses furent combattues avec la plus grande fermeté par le gouvernement Émile Combes et en
1905 fut votée la loi de séparation de l’Église et de l’État… Enfin, c’est se
mettre à nu et mettre à nu son époque.
-
L’habit démocrate est un habit de
sainteté, s’accordent à dire cette fois, certains milieux réfractaires à son
extradition. Il convient de le porter pour soi, chez soi, avec soi et ne le
remettre que sous bonnes gages, c’est-à-dire jusqu’à ce qu’il aura trouvé un
acquéreur adulte capable de se rehausser au diapason des temps modernes, nous
confient de nouveau ces mêmes voix, hostiles à son transfert.
f.
L’HABIT DES BONS ET DES MAUVAIS JOURS
Troquer si
facilement la gandoura pour le smocking n’est pas chose facile. On ne se
débarrasse pas d’un coup et comme ça de l’habit de nos aïeux.
Au
Moyen-Orient, le kamis est de rigueur. On préfère la couleur blanche, symbole
de pureté du cœur et de bonté de l’âme … que rien n’entache. Pratique, il est
facile à manier et se porte facilement. Boutonneux vers le haut, à l’endroit du
cou, il est comme cet habit ecclésiastique que l’on enfile par la tête ou par
cette large échancrure de devant.
Dans le
monde arabe, qu’il soit en Algérie, au Maroc, en Égypte et
même dans certains pays musulmans, on privilégie le port de la gandoura, du
fez, de la calotte, de la chéchia et du turban. Habit des bons et des mauvais
jours, la gandoura fut longtemps l’apanage de nos ancêtres.
Le Maroc,
très attaché à ses traditions séculaires éprouve de la peine à se débarrasser
de la djellaba. Des us et coutumes qui semblent obéir à une vieille tradition
chérifienne. Le monarque lui-même, fidèle à son image de maître croyant préfère
rehausser le port de la djellaba et du fez. Une pratique qui semble t’il,
appartient à la dynastie des alaouites. Le cachet de la monarchie fait foi,
avant tout.
g.
LA POLITIQUE ET LA GUERRE, C’EST MAL PARTI …
Nul, ne se
souvient de la timide intervention militaire des troupes irakiennes de Ahmed
Hassan el Bakr au Koweit, en 1972. Elle aura duré près d’un mois*.
Même les médias occidentaux n’en avaient cure. Un vieux conflit territorial,
qui revient sous d’autres formes, vite réglé par la médiation arabe. Personne,
à l’époque, n’avait levé le petit doigt pour venir au secours de ce petit pays,
ni même ses voisins arabes, qu’on dit faibles et prudents. En ce temps là, les
pays arabes et ceux du Golfe n’avaient ni alliés ni soutiens. La
conjoncture politique de l’époque, des Etats-Unis et de l’Europe
vis-à-vis du monde arabe, était très différente de celle d’aujourd’hui. La
coopération politique, commerciale, économique et même militaire n’en était
qu’à ses débuts. Les conflits arabes ne les concernaient que peu ou pas.
« A ces derniers, de trouver des solutions à leurs problèmes »
estimaient les grands. N’était-ce l’intervention de la diplomatie arabe, l’Irak
aurait pu s’assurer à jamais la possession du Koweit sans que personne
n’y trouvait rien à dire.
h.
LES SÉQUELLES DE LA DISCORDE
– La démocratie, une épée de Damoclès
–
La domination britannique y est pour beaucoup responsable de la
sauvegarde des clivages sociaux nés de la division des castes.
-
Une pratique discriminatoire propre
aux pays colonisateurs axée principalement sur le maintien des affaires
locales, la consolidation des structures traditionnelles et la préservation des
cellules archaïques.
-
Une politique de déstabilisation
à long terme dont les fondements reposent sur la ségrégation raciale et dont
les critères de base s’articulent sur le choix des personnes, leurs origines,
leur langue, leur race, leur niveau social, leur religion, leurs mœurs, la
couleur de leur peau, leurs privilèges, leurs rapports de convenance et de
condition sociale.
-
Un mouvement féodal longtemps
endormi qui sévit encore de nos jours et que l’on voit réapparaître de nouveau,
un siècle après, dans les ex pays franco-anglophones et qui triomphe
actuellement au Yémen, en Libye, au Soudan, en Afghanistan,
au Pakistan, au Nigéria et même en Inde où pourtant la
cohésion des masses est plus forte.
-
Un mouvement sectaire, longtemps
source de conflits des générations dont les débuts remontent à l’ère de la
colonisation, qu’il est difficile de juguler de nos jours, en raison de
l’appartenance des uns et des autres à ce courant tribal.
-
Un groupement de familles
homogènes, au long passé anachronique qui a grandement concouru au déclin des
peuples émergeants, qui a profondément défiguré le paysage africain et qui est
à l’origine d’un profond malaise social, linguistique, politique, culturel,
dont les effets secondaires ont des répercussions néfastes sur plusieurs
siècles.
-
Un système d’organisation
ethnocentrique qui trouve ses assises dans les rapports ethniques, raciaux,
linguistiques, régionalistes, confessionnels … Un mouvement qui prospère dans
les États arabes avec l’instauration de la démocratie et du multipartisme et
que l’on revoie également dans certains milieux favorables au changement
politique.
-
L’Histoire, la culture, la
discrimination, la langue, l’autonomie, la religion, en sont sans doute les
ressorts essentiels de ce mouvement ségrégationniste.
i.
UNE RÉVOLUTION À PAS FORCÉ
- Où va la Libye ? –
Le renversement de la monarchie
des Senoussi, un royaume qui n’a que le nom pour le qualifier ainsi,
fomenté par un groupe d’officiers ambitieux, qui pour asseoir leur légitimité
donnera à ce coup de force, le qualificatif de révolution suprême. Une
révolution qui se veut spécifique par son modèle et qui se dit le chantre de
toutes les révolutions dans le monde. Le burlesque dépasse l’entendement, le
ridicule tue. Les rêveries et les saveurs continuent toujours de miroiter dans
un monde turbulent. Un monde qui se recherche, qui n’a pas tout dit, qui n’a
tout fait , qui veut tout dire, qui veut tout faire et qui s’efforce de
perturber les certitudes et d’ébranler les consciences.
j. LES PEUPLES ARABES, CES MASSES
INCOMPRISES
- La
démocratie, le smocking, le gilet et le revers de la veste –
La Libye, un pays en
proie à de multiples soubresauts hérités d’une politique dévastatrice. Un pays
au mille et une facettes, que l’on redoute, qui n’a rien à vous offrir et qui
ne doit sa survie qu’à la rente pétrolière qui l’abreuve, seule ressource d’un
pays longtemps à l’agonie. C’est le fruit d’un pays hermétiquement fermé,
longtemps assujetti à l’incommunicabilité, fortement imprégné de l’idée
révolutionnaire, d’un pays totalement enfermé dans le joug du culte de la
personnalité. C’est le produit d’un peuple qui se disait jadis adulte et qui en
fait manque de maturité, qui jette au loin, dans la mare, les jalons de la
démocratie qui n’aura que le nom pour la qualifier ainsi. Bref, c’est toute la
rémanence d’une pensée d’un système stéréotypé, fortement ancré dans les
esprits, difficile de s’en débarrasser, qui est à l’origine de ce profond
malaise qui perdure.
k. PAUVRE DIPLOMATIE DES SABLES
MOUVANTS
- La
démocratie, un coup d’épée dans l’eau –
Qu’en-est-il de la diplomatie arabe prêchée par chacun des pays voisins et médiateurs du
conflit libyen ? l’Algérie, la Tunisie et l’Égypte. Une
évaluation faite par le narrateur et effectuée sur la base des données émises
par les différentes sources d’informations libyenne a donné lieu au diagnostic
suivant :
Sur les trois pays cités plus haut, deux seulement ont émergé du
lot et ont eu droit à la tarte aux cerises et à la parade militaire. L’Égypte
a bénéficié de 70% des parts ramassées sur le tas et s’est même accaparée les
miettes tombées à terre. Elle sera suivie par la Tunisie qui s’est vue
offrir 30% des parts restantes du gâteau et pas des moindres. Nombreuses,
diversifiées et triées sur le volet, cette dernière proportion qui paraît
minime à vue d’œil, s’avère en fait beaucoup plus importante que celle accordée
à l’Égypte. Un don et une belle moisson de blés accordés à ce pays.
Voyons, ce qu’il en ressort pour le premier :
- -
Octroi d’une importante aide
financière à l’Égypte.
- -
Transfert des avoirs libyens dans
les banques égyptiennes (une part importante et non négligeable de l’argent de
l’opposition libyenne transite par l’Égypte, sans doute pour permettre
son blanchiment). Une bonne raison pour l’Égypte d’accorder l’asile ou
plutôt le refuge politique à des hommes qui de toute manière sont favorables au
nouveau régime, ainsi l’argent mal acquis sera blanchi. C’est aussi une
meilleure façon d’éviter le gel ou le blocage de cet argent dans les banques
occidentales ou américaines.
- -
Financement par la Libye
de certains projets d’investissement en Égypte.
- -
Fourniture et vente d’armes
égyptiennes à la Libye.
- -
Formation et entraînement
militaire par l’Égypte de la nouvelle armée libyenne.
- -
Soins et hospitalisation des
blessés et mutilés de guerre vers les hôpitaux et centres de soins égyptiens.
- -
Tribune audio-visuelle où chaque
semaine une personnalité politique, civile ou militaire est invitée à s’exprimer
et à donner son opinion sur la situation politique en Libye.
- - Bourses d’études accordées à certains corps de l’administration libyenne (sociologie, marketing, littéraire, économique, financière, journalistique, sciences politiques …).
Une balance commerciale au
détriment de la partie libyenne et largement en faveur de l’Égypte.
Quand on sait que près de 1300
agents commerciaux de transit œuvrent pour le compte de l’attaché commercial de
l’ambassade de Libye en Égypte, on imagine alors le nombre et on
est en droit de s’interroger et de se demander ce qui peut bien se passer. Une
rente qui ira compenser les pertes en devise enregistrées après le départ de
près de 3 millions de travailleurs égyptiens de Libye. Sauf que cette
fois, l’argent ira directement dans les caisses de l’État.
Contrairement à l’Égypte
qui ne « lâche rien », la Tunisie, mieux disposée semble privilégier une meilleure sélection. Un choix
qui lui permet de mieux tirer profit de ses entrées en devise, pour mieux
s’assurer de la gestion de ses biens. De ce fait, la proportion des 30% retenue
par la Tunisie confortera et pour longtemps l’économie tunisienne mal au
point. Un atout considérable.
l. LE PEUPLE A
MARCHÉ ….
- La
démocratie ou les fleurs du mal –
Comme pour les autres
révolutions, le peuple a marché dans la combine. Il ne fait que suivre. Un
peuple qui pour se libérer du joug d’un despote se voit entraîné dans sa folie
meurtrière par une partie de l’opposition longtemps aux abois. On croit savoir
qu’elle est composée d’une population bédouine mal définie. On parle
d’intégristes religieux, de cheïkhs de la djemaâ, de militaires déchus, de
bourgeois frustrés, de propriétaires terriens spoliés, d’intellectuels reclus,
d’étudiants cloîtrés .
Comme à chaque fois, l’Occident
s’en mêle … Le pays sera livré avec la bénédiction des gens du pays aux
bombardiers du Neto qui n’en feront qu’une bouchée. Ce n’est point pour
venir au secours des victimes de la répression sanglante de Kadhafi ni
pour aider à l’instauration de la démocratie en Libye mais parce qu’ils
ont un vieux compte à régler avec un homme tombé à terre.
L’ingérence de l’Occident dans
les affaires internes d’autres pays, qui ne date pas d’aujourd’hui, ne fait que
durcir le conflit. Difficile d’intervenir au moment même où l’on
s’entre-déchire. Mais cette fois, on préfère parler au nom des libertés
individuelles et évoquer les droits de l’homme et les libertés des minorités,
des refugiés, des opprimés …
m. LE JEU DE LA
TRINITÉ
- La
démocratie, le mal du siècle –
L’Algérie, quant à elle, fut évincée du jeu. Un
choix, qui n’a rien de surprenant, porté par un régime fantoche et exercé sous
la pression des milices et des milieux hostiles à l’Algérie. Cette
dernière, qui semble avoir compris le jeu s’est retirée tardivement du jeu. Et Sissi,
le raïs égyptien en bon « militaire » et en bon
« diplomate » invite cette fois, l’Algérie à rejoindre l’Égypte et à œuvrer ensemble la main dans la
main, pour y trouver un règlement juste au conflit libyen. C’est ce qu’on
appelle la diplomatie à l’égyptienne où tout se joue dans l’ombre et à 3, Libye,
Égypte, Tunisie.
La Libye, c’est la cour
du roi Pétaud, où chacun gouverne à sa manière, où il n’y a personne
à qui s’adresser.
n.
UN AVENIR
SOMBRE
-
La
démocratie, c’est quoi ?
L’Algérie, laissée à la
traîne, pour s’être opposée à la destruction de la Libye et pour avoir
accordé aide et asile à la famille Kadhafi a encore de beaux jours
devant elle. L’avenir le dira beaucoup plus tard. Si l’élection de Seif el
islam venait à se confirmer, il a et il y a de fortes chances, les thèses
algériennes justes et désintéressées auront triomphé. Il ne restera alors au
maréchal Haftar, chef suprême des forces armées libyennes qu’à mener la
guerre contre tout ce qui se met en travers de son chemin, c’est-à-dire
retourner les armes contre Seif el islam, où l’incarnation future d’un
pouvoir sombre qui se présage au loin.
Le conflit fraticide libyen n’est
pas prêt de toucher à sa fin. Il ne trouvera son dénouement, non pas quand il n’y
aura plus d’armes pour s’entre-tuer, mais lorsqu’il n’y aura plus personne à
tuer. L’avenir de la Libye est encore sombre.
o.
LA
POLITIQUE, LA VISION DES AUTRES ET LE PRIX À PAYER
- La démocratie, un état d’esprit -
Soutenue par les pro-Kadhafi
qui voit en elle un meilleur allié, boudée par les gouvernants libyens, avant
même qu’elle n’ait à exposer ses points de vue, la diplomatie algérienne ne
fait pas l’unanimité dans les cercles militaires et les milieux politiques
libyens. Une manœuvre adoptée par les différentes factions rebelles et est
destinée à écarter l’Algérie du jeu et même à heurter ses
susceptibilités. Haïe, rejetée, la diplomatie algérienne s’acharne, bon gré, mauvais
gré, à trouver un dénouement heureux au conflit libyen qui frappe à ses portes
et qui lui occasionne bien des dégâts. Il est vrai que le voisin libyen, qui
n’arrive pas à tenir en place, irrite l’Algérie déjà mal à l’aise avec
ses voisins africains. De par sa configuration géographique qui lui confère un regard sur les 6 côtés de
l’hexagone, l’Algérie se voit contraint d’assurer et sa sécurité menacée
et celle de ses voisins trop fragiles pour chasser les mouches de leurs
visages.
p. HAFTAR, UN
ALLIÉ PRIVILÉGIÉ
- La
démocratie, un outil tranchant –
Mis sur orbite par les États-Unis
qui voient en lui un satellite incontournable pour cette partie de l’Afrique,
en ce moment même.
Conseillé, orienté par la Turquie
ou le « berrah » de l’Occident, qui devra rendre compte à l’Union européenne.
Soutenu financièrement et
matériellement par le Qatar et les Émirats arabes-unis, de micro
petites péninsules, qui veulent se donner une stature de « puissance politique
internationale ».
Aidé militairement par l’Égypte
qui voit en lui un allié capable d’assurer la sécurité de ses frontières qui
lui reviennent très chères*.
Haftar en a plein
les poches, il est l’homme sur lequel beaucoup peuvent compter. Il est l’homme
de la providence et s’engage à la demande de l’Égypte à faire le
gendarme, c’est-à-dire faire le sale travail, en échange de quelques bons et
loyaux services. Un geste louable qui épargne à ce pays bien des désagréments.
Mais Haftar a d’autres chats à fouetter et ne parvient pas à lui seul à
venir à bout de la rébellion.
q. LES VOIX DU
CIEL ET LA VOIX DU PEUPLE
- La
démocratie, une fleur au bout du canon –
« Tout arrive à point à
celui qui sait attendre » disait la fable. La Tunisie attend
sagement que l’on vienne à elle. Elle a tout son temps. Un modèle de diplomatie
propre aux pays anglo-scandinaves et courant de nos jours. Courtoisie,
bienséance, circonspection, mais aussi malice entourent la diplomatie
tunisienne qui connaît parfaitement son voisin, de nature farouche. En grande
nation, la Tunisie fait tout pour ménager ce dernier qui lui lance des
pierres par ricochet et qui continue de faire la sourde oreille à toutes les
voix venues d’ailleurs.
Revirement, soubresaut, chaos,
entourent le jeu pervers de la diplomatie libyenne qui n’attend que le feu vert
des milices pour approuver tels ou tels textes de l’Occident ou des pays
arabes. Il est vrai que le soutien accordé par l’Égypte et la Tunisie,
eux-mêmes dans le collimateur de la grogne populaire, est né de la douche
froide imposée par les peuples à leurs dirigeants. L’effet surprise y est pour
beaucoup et les deux pays qui se voient entraînés dans le sillage de la
révolution accourent pour y jeter de l’eau sur le brasier. Les gouvernants des
deux pays qui ont apporté leurs voix au peuple libyen n’ont fait que suivre la
voix du peuple. Quant aux rebelles, ils attendent impatiemment que les voix
leur tombent du ciel et sur les têtes pour y oser parler enfin de paix. Une
paix qui n’est pas prête de voir le jour.
r.
LA POLITIQUE
A AUSSI SES INDIENS
-
La
démocratie, cette nouvelle venue –
Le Maroc s’empresse de
faire son entrée dans le règlement du conflit libyen et d’adopter une politique
à distance qui semble avoir marqué des points. Des thèses qui ont recueilli
l’enthousiasme des rebelles libyens, maîtres du pays, et remporté l’adhésion
des dirigeants de la Libye.
L’intervention timide de ce pays
dans le dossier libyen n’y est pas pour rien. Elle a probablement pour but de
saper les efforts de paix entrepris par l’Algérie et les pays voisins, soucieux de voir la Libye
retrouver au plus vite sa stabilité. Les milices s’y mettent de la partie et se
rangent aux côtés du Maroc entraînant avec eux les officiels du pays
dans leurs vaisseaux de guerre. Cette réaction ou prise de position
quasi-officielle, si l’on peut dire ainsi, a pour objet d’irriter au plus fort
l’Algérie, de l’éloigner du jeu et même à heurter ses convictions
politiques.
Une Algérie qui n’a pas
volé à leur secours au moment opportun et qui de surcroît a accordé refuge à la
famille Kadhafi.
C’est aussi une belle occasion
pour ces hommes d’exprimer leurs soutiens au Maroc dans ce vieux conflit
qui oppose le Maroc aux Sahraouis
et dont l’Algérie subit les contrecoups d’une politique maladroite. Si,
comme disait Clemenceau, « la guerre est une chose trop grave pour être
confiée à des militaires », la politique est aussi une chose trop
sérieuse pour être confiée à des milices, reconnaissons-le.
La politique, tout comme la
guerre, a aussi ses indiens.
StÉriles : Il
s’agit d’une clientèle qui n’a rien à avoir avec la réalité et qui suit
aveuglément, les yeux bandés.
DÉbiles :
Allusion faite à ces fous de Dieu qui ont émergé en Algérie en 76 et qui
ont trouvé un terrain favorable à leurs idéologies avec l’avènement, deux
années plus tard, du tandem Hamrouche/Chadli aux rênes du pouvoir.
Neurones :
Pourtant, ni la religion musulmane ni l’Église dans son ensemble n’admettent le
clonage et Daech prêche le clonage cérébral, lui qui professe et à sa
manière, la religion.
Coalition arabe : Il aurait été plus efficace de faire suivre cette opération militaire par une offensive terrestre. Cependant, beaucoup y craignait l’enlisement. L’Égypte de Nasser en fit l’amère expérience en 1961. Celle de Sissi n’est pas prête d’y remettre les pieds une seconde fois au Yémen.
Par ailleurs, l’absence d’une bonne coordination dans le renseignement militaire en sont sans doute les causes essentielles de ce conflit qui traîne et qui va en défaveur de l’Arabie Saoudite, de ses alliés et de la situation politique dans la région. Un service de renseignement inexistant, si l’on peut dire ainsi, basé en grande partie sur des informations fournies par des sympathisants tribaux, favorables à l’actuel président yéménite, qui n’ont aucune connaissance des stratégies militaires.
FÉdÉration de Russie : Un terrain qui ne lui appartient pas. Aucun traité militaire digne de ce nom ne lie la Libye à la Russie et ce, bien avant le règne de Kadhafi.
Partie : La province d’Antakya fut également accordée en 39 par la France d’Edouard Daladier à la Turquie. Son attachement à ce pays n’a jamais été reconnue par la Syrie.
Mois : Le retrait des troupes irakiennes s’effectua aussitôt. Peu
après, Ahmed Hassan el Bakr fut pointé du doigt. On lui reprocha son laxisme
dans le conflit. Quelques années plus tard, il laissera place en douceur à Saddam
Hussein.
La politique
est un plat qui se mange chaud contrairement à la vengeance qui, elle,
est un plat qui se mange froid.
ChÈres : Tout comme elle a du mal à évacuer ses ressortissants bloqués pour un certain temps en Libye.
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