mercredi 28 août 2019

LES VOIX DES BÉNI-OUI-OUI

LES VOIX DES BÉNI-OUI-OUI

Un douar dans le sud-est algérien vers les années 30 à 40
LE CRIEUR DU DOUAR
Il porte l’appellation de berrah* dans le langage arabe. Un effort qui nécessite une contraction exagérée des cordes vocales et qui réclame force et éclat de la voix. Plus la voix est lointaine, plus l’écho est retentissant et plus l’impact sur les populations avoisinantes est saisissant. Il dispose des mêmes attributs que le garde-champêtre* à qui il laissera place beaucoup plus tard. Cette mission fort répandue dans les douars*, au début du siècle passé, fut confiée à un larbin, dévoué à la cause coloniale et proche de la confrérie des
béni-oui-oui*. Son rôle est d’annoncer aux gens de la dechra, par émission de la voix ou par voie d’affiche, chaque évènement du jour, heureux ou malheureux, soit-il : affichage d’un arrêté préfectoral ou d’un avis municipal, visites d’officiels : préfet, sous-préfet, maire, inauguration d’un monument historique ou public, cérémonies militaires, nouvelles du front, kermesse, naissance, circoncision, mariage, décès …
Obséquieux à l’excès et poussé par l’envie folle d’y aller toujours au-devant du désir de ceux à qui il veut plaire, le berrah se voit confier une nouvelle tâche ingrate*, celle d’informer sidi le caïd sur tout se qui se passe à l’intérieur ou en dehors des dechras* ou des mechtas*.
Il lui appartient donc :
·        De porter à la connaissance de ce dernier tous faux renseignements émis par les gens du douar.
·        De signaler tous citoyens du goum* non-inscrits* sur le registre de l’Etat-civil et en âge d’effectuer le service national.
·        De dénoncer tous les éleveurs de bétail (bovins, ovins, chevalins, asiniens, ruminants …) ou oiseaux de basse-cour (coqs, faisans, dindons, perdrix, poules …) dont les têtes de volaille ne sont pas déclarées au fisc et imposer à leurs propriétaires une lourde taxe*.
·        De dénoncer toute personne étrangère au douar qu’elle soit de passage ou pour une nuitée et même ceux qui leur assurent le gîte, le couvert et la couverture*.
·        De signaler également toute personne ayant fait l’objet d’un avis de recherche pour les délits et crimes suivants : condamnation, vols, assassinats, désertion, insoumission aux obligations du service militaire.
·        De surveiller les activités de tous ceux qui affichent des idées subversives et ceux qui s’emploient à en diffuser le contenu à des fins de propagande dans le but est d’inciter les gens à la sédition.
Le berrah ira jusqu’à transgresser* les bornes qui lui sont assignées et s’engage même à y aller beaucoup plus loin. Il fournira à l’administration coloniale des renseignements qu’ils ne sont pas censés savoir sur chaque type de familles arabes.
-       Pratique sociale et habitude de vie de chacun des membres de la famille musulmane.
* Jolie fille en âge de se marier qui fera une bonne femme soumise du genre « Fat’ma couche-toi là ».
* Femme veuve ou divorcée habituées aux travaux ménagers qui passe pour être une excellente lavandière …
Empressé et comme toujours à l’idée de rendre service à ses maîtres, le berrah ne s’arrêtera pas là. Il va prêcher « la bonne parole », pendant plus d’un mois, auprès des gens du douar. Et, c’est en termes mielleux qu’il va haranguer la foule nombreuse à se présenter et toujours disposée à l’écouter.
« Braves citoyens de la tribu des ………….. sidi* le caïd et son excellence l’administrateur* donneront bientôt une grande fête en l’honneur des valeureux gens du douar. À cet effet, sidi le caïd et son excellence l’administrateur*, que Dieu les bénisse et leur donne longue vie, vous invitent à vous rendre à la zerda* qui aura lieu le ………………. sur la grande tahtaha* du village. Soyez nombreux à venir y assister afin de les honorer de votre présence ».

a.      LES VIEILLES MAGOUILLES DU SIÈCLE PASSÉ
A la demande de Jacques Bonhomme* et en échange de quelques oboles, le caïd va s’enquérir de l’état des terres arabes et de leurs propriétaires lourdement endettés. Un test de reconnaissance qui va permettre aux colons d’y aller loin, très loin et de fructifier ainsi leurs affaires. Il aura pour mission de savoir :
·        Qui en est le propriétaire et qui dirige ou assure l’exploitation ?
·        Travaille-t-il pour le compte d’une autre personne ou cultive-t-il lui-même la terre ?
·        Avec qui ce dernier partage-t-il le produit de sa récolte ?
·        Quelle est la nature du sol et de la terre ? et quelles en sont ses qualités productives ?
·        Quelles sont les qualités ou défauts qui font d’elle une terre propre ou impropre à l’agriculture ?
·        Est-ce une terre inculte et quels en sont les motifs de son inexploitation ?
·        S’agit-il d’une terre au rendement nul et à faible revenu ?
·        Est-ce une terre friche jamais cultivée ou restée longtemps sans culture ?
·        S’agit-il d’une terre labourée qui attend d’être ensemencée par faute de grains ou d’autres germes ?
·        Quelle est la qualité des semences utilisées ?
·        Quels en sont les moyens agricoles employés ?
·        Sont-ils rudimentaires ? (animal de trait, soc, charrue, herse, faux, fauchet, serfouette,) 
·        Viennent-ils à bout des travaux de la terre ?
·        La terre dispose-t-elle de produits de terroir bien particuliers ?
·        Quels en sont les moyens d’irrigation pratiqués ? Sont-ils archaïques, primitifs ?
·        Les moyens financiers pour l’achat de matériels et de semences leur font-ils défaut ?

b.     LA GRANDE VADROUILLE
Muni de ces riches données, le caïd va devoir rendre compte à ses maîtres qui lui demandent de passer à la seconde étape. C’est-à-dire y aller au-devant des choses. Il va devoir affronter cette fois la situation en face.
Le caïd va s’adresser alors aux propriétaires terriens arabes et leur parler de compensation financière et à la satisfaction générale, évoquer pour la première fois le mot « prêt bancaire ». De grandes opportunités vous seront offertes, leur dira-t-il. Pour cela, ils les invitent à se rendre au plus vite à « la chambre des agriculteurs » qui leur fournira tous les renseignements nécessaires. Aide et assistance vous seront données avec la baraka de Dieu, ajouta-t’il de nouveau.
Les censiers, informés par le caïd, sont déjà au rendez-vous, en quête d’un gros coup, couteaux aiguisés et dents lacérés. Les arabes, quant à eux, se bousculent dans l’attente d’obtenir quelque chose qui va les tirer d’embarras et leur redonner grand espoir. Une occasion à ne pas rater. Oui, mais à la chambre du commerce de l’agriculture et de l’industrie, on ne prête pas facilement. Bien des tracasseries vous attendent. La procédure est longue et les formalités sont coûteuses. Il faut d’abord montrer patte blanche c’est-à-dire être membre adhérent de cet organisme et :
-         Disposer d’une grande surface de terre.
-         Verser une cotisation mensuelle.
-         Justifier d’un bon niveau d’instruction.
-         Participer aux réunions périodiques.
-         Avoir le sens de la communication.
Enfin, on ne prête pas aux arabes, d’ailleurs « on ne prête qu’aux riches », comme le dit si bien l’adage. Autant de désagréments que l’arabe dont le niveau scolaire est bien bas ne comprend pas et ne sont pas en sa faveur. Ce dernier, tel un larron préfère prendre et s’en aller. Et c’est là que le métayer va faire son entrée. C’est aussi une belle opportunité pour le colon de « venir en aide » à l’arabe. Il va proposer à celui-ci ses bons offices et s’il le désire lui porter assistance par l’octroi d’un chèque notarié, et sans intérêt, consenti, bien entendu, pour une durée limitée*. Et c’est ici que se trouve tout l’enjeu.
L’arabe qui ne sait ni lire ni écrire et qui ne dispose d’aucune couverture juridique va tomber dans le piège. Il va bénéficier d’un prêt  « sans contrepartie » mais pour une durée limitée. Il va brader ses terres et les perdre à jamais. Tout comme ses compagnons de  corvée, il pense avoir fait une bonne affaire. Il ne sait pas ce qui l’attend. Lui qui aspire à des jours meilleurs croit que la vie vient de lui sourire. Hélas, elle est de courte durée.
Ce dernier, qui ne sait pas que le temps qui passe lui est défavorable, se verra frappé après deux années de dur labeur d’une peine de forclusion, sans qu’aucun préavis ou même un préfix ne lui soit donné à l’avance. Certains propriétaires arabes, plus hardis que d’autres, vont réussir à amasser leur argent avant les délais fixés et se présenter devant monsieur le notaire, avec comme cadeau de remerciement, un branchage de dattes dans les bras. À la grande surprise, le notaire va exiger la présence de l’autre partie, sans quoi … . Le colon, mis au parfum par le saute-ruisseau, ira se mettre au vert. Il devint introuvable. Il préfère y aller se reposer en famille, à la campagne, le temps qu’il faut, juste le temps de laisser passer le délai précité. Il réapparaîtra ensuite sautillant allègrement sur ses deux jambes d’un endroit à un autre. Une meilleure façon de faire fi du délai prévu et de prendre ainsi possession des terres de l’arabe à bas prix et selon les formes légales établies devant monsieur le notaire. Voici comment et de quel manière la plupart des propriétaires arabes furent spoliés de leurs biens et leurs terres confisquées par certains colons véreux, avec la sainte bénédiction du notaire et des gens du burnous (bachaghas, caïds, berrahs).

c.      LES CONTRATS DE L’ÉPOQUE
-         Le contrat antichrèse, pourtant au fait de son firmament, n’évoque en aucun cas le dessaisissement du débiteur. Il permet néanmoins au créancier d’entrer en possession d’un immeuble* du débiteur et d’en percevoir ses fruits jusqu’à extinction de la dette.
-         Le contrat de nantissement, quelque peu identique au premier, n’implique par non plus, ou du moins, et dans certains cas, la dépossession du débiteur.
-         C’est aussi le cas de Warrant, un titre à ordre, en usage en ce temps là, et courant de nos jours, qui n’évoque pas non plus l’idée de déposséder ou de spolier, pour mieux dire, le débiteur.
-         En matière de droit juridique, et dans ce cas précis, rien n’oblige le débiteur, ici, il s’agit de l’arabe, à se faire accompagner du créancier, pour lui remettre son argent, devant le notaire, avant les délais fixés.
Il est clair que le débiteur ou l’arabe, devra en informer à l’avance le législateur ou le notaire, le jour de son arrivée, lequel en avisera à son tour le créancier, par acte notifié (le timbre* de la poste fait foi, en ce temps là).
Dans cet autre cas, un P.V lui sera dressé pour défaut de présence. Dés lors, le créancier se voit contraint d’interrompre et au plus vite son séjour à la campagne pour y prendre son argent.
Sait-on également que le fait de se présenter, seul ou non accompagné de l’autre partie, devant le législateur, porteur de son argent, selon les délais prescrits dans le contrat, atteste de la bonne foi du débiteur et de son intention de vouloir s’acquitter au plus vite de ses dettes ? Un geste honorable, aux yeux de la loi, qui lui permet de recouvrer de plein droit l’ensemble de ses biens hypothéqués, sans qu’il y ait matière à contestation.


d.     LA DANSE DES OULED ……………

C’est au rythme d’une danse* effrénée et au son de la cornemuse, de la ghaïta*, du tambour* et des feux de baroud d’honneur que la fête va débuter. Elle durera plusieurs jours, les gens vont affluer de partout. Le couscous accommodé de gros morceaux de viande et assaisonné de légumes toutes fraîches et inondé de sauce brûlante est servi à la satisfaction de tous et à satiété dans de larges guessaâs*. Le lait caillé et le petit-lait, transportés dans des outres de chevreau, seront transvasés dans des cruches ou pot de terre. Ils iront imprégner de leur jus les djefnas richement chargées de couscous et badigeonner de leur blancheur les lèvres des convives lourdement affamés. On mange, on boit, on danse. Tout le monde est heureux, pour l’instant. Et c’est là que le berrah, aidé de complicités va entrer en jeu. Il va racoler tous les citoyens présents ou de passage, mariés ou pas, en âge ou non d’effectuer le service militaire. On tend la main aux plus jeunes et on les invite à entrer dans la danse. On se fait tirer par le bras puis par les doigts tout comme dans une danse polonaise.
On tape du pied à terre et on joue des jambes. On balance les épaules, on agite les bras et on roule les hanches. On redresse la poitrine et on hoche la tête de chaque côté des invités comme pour saluer le public. Aucune partie du corps n’est ménagée. Il est mis à nu. Belle opportunité pour les plus jeunes d’exhiber enfin leur virilité, longtemps frustrée. Charmante démonstration pour nos chasseurs qui en auront plein les yeux. Surexcité mais épanoui, le danseur se laisse entraîner comme par enchantement aux abords du marchepied du camion militaire puis hissé à l’intérieur de celui-ci. L’équipe du caïd est déjà en place. Elle lui prête aide et assistance dans l’immédiat. On lui tape dans le dos et on l’invite à s’asseoir sur le banc et se mettre à l’aise.
Ce n’est qu’une fois, arrivé au camp militaire et après avoir signé les feuilles d’engagement et retrouvé tous ses esprits que le danseur réalise ce qui lui est arrivé.

e.     LA TRISTE FIN DU BERRAH

Qualifié par les gens du douar de félon au service des caïds et des bachaghas, accusé par d’autres d’être à l’origine de tous les maux qui ont endeuillé les familles, proscrit par la djemaâ en raison du nombre important de leurs fils incorporés dans les rangs de l’armée coloniale et envoyés au front nazi pour ne plus y revenir, le berrah fut frappé de bannissement par le cheïkh de la djemaâ qui jettera sur lui l’anathème.
Cette fois, le berrah est menacé de mort. Il sera lâché par l’administration coloniale, auquelle il n’aura plus rien à offrir et qui ne veut plus de lui. Sentant venir son heure, le berrah quittera le douar pour s’établir en France ou quelque part et ne plus réapparaître. Par crainte de représailles, ses enfants et petits-enfants rallieront les forces coloniales et deviendront des supplétifs de l’armée française (harkis, goumiers, spahis, zouaves, méharistes …). Ainsi, finira le triste parcours du berrah, l’homme par qui tous les malheurs sont arrivés aux douars.



BERRAH : Ou le crieur. C’est le type même de personnage que l’on voit dans l’émission télévisée « La place du village » de Jean-Louis Deparis.
GARDE-CHAMPÊTRE P……………. Le garde-forestier nous mène en moto Puch au son de la trompette et du ra du tambour à travers les vieilles dédales de R……………… et de A…  T…  pour nous annoncer quelquefois la bonne nouvelle. P……………… mourut dans un état proche de la paranoïa. Il s’agit, selon certains, d’une débilité mentale avancée née des suites des évènements sanglants qui ont ébranlé l’Algérie vers la fin des années 50 et mis fin à sa fonction de garde-forestier, un emploi qu’il appréciait par-dessus tout. On parlera de troubles de la raison qui l’accompagneront, jusqu’à la fin de ses jours, en 1961, au cimetière de R……………….. où il repose au milieu des siens. « Je vous ai compris » lancé par De Gaulle,  aura affecté les esprits les plus récalcitrants.
DOUAR : Le vocabulaire arabe ne tari pas de qualificatifs pour désigner ces petits villages enclavés et disséminés sur une grande étendue de terre. C’est aussi le nom donné jadis à un ensemble de tentes ou kheïmas faites de morceaux de toile ou d’étoffe servant d’abris pour une population nomade en perpétuel déplacement.
BÉNI-OUI-OUI : Des valets d’une communauté bédouine qui aspire par amour à « être à la botte » et « sous la botte » du colonialisme. Leur dévouement pour la France est tel qu’ils n’ont pas tardé à s’engager dans le corps des harkis.
INGRATE : Le berrah devra informer le caïd, seul habilité à rendre compte à l’administration coloniale.
DECHRAS : Il désigne un ensemble de maisons construites en « toubs » terre ou argile, imbibées d’eaux, dépourvues de toutes commodités et éloignées parfois du chef-lieu de commune.
MECHTAS : Ensemble de maisons rurales faites de branchages d’arbres ou de roseaux, éloignées les unes des autres et peuplées par une frange de paysans sans ressources.
GOUM : Il comporte le même sens que « tribu » et désigne un assemblage de tentes ou de taudis en argile implantés ou bâtis sur une large plaine. C’est de là qu’est tiré le mot « goumier » qui emporte la même signification que « harki ». Le ralliement massif des hommes du goum aux côtés de l’administration coloniale leur a fait attribuer l’appellation tristement célèbre de « goumier ».
NON-INSCRIT : La non-déclaration d’un nouveau-né et son non-inscription sur le registre de l’Etat-civil est une pratique fort courante chez les arabes, en ce début de XXe siècle. Elle permet à ceux qui ne sont pas portés sur le registre de l’Etat-civil communal d’échapper au coup de filet des gendarmes et d’éviter ainsi qu’ils ne soient enrôlés de force dans les rangs de l’armée coloniale et envoyés sur le front nazi. Une cause qui ne les concerne pas, disaient-ils.
TAXE : La peine peut-être levée ou réduite, d’abord, en fonction du degré de la gravité de l’infraction commise, ensuite de l’élan réciproque auquel le propriétaire veut bien s’adonner. Un compromis peut-être trouvé si le « défaillant » consent à remettre au berrah quelques têtes de volaille en échange de son silence. « C’est au nom de la loi », dira t’il avant de prendre congé de ses hôtes. Un petit cadeau qui ira égayer sa petite collection de cheptel ou agrémenter sa petite réserve naturelle. Cette fois le berrah fermera les yeux et pour un bon bout de temps.
COUVERTURE : Un terme fréquemment utilisé par les gens du douar pour désigner toute la bonté du cœur. C’est toute la chaleur du cœur qu’ils vont trouver devant eux et qui ira leur servir de gîte et de couvert et les protéger pour ainsi dire du froid et de la peur.
TRANSGRESSER : Un véritable bourreau de travail. Outre sa fonction de garde-champêtre, le berrah cumulera également celle de larbin sans jamais rechigner ni même être payé en conséquence.
SIDI : Titre de dignité attribué à une personne sainte ou vénérée (marabout, taleb, guérisseur, cheïkh de la djemaâ). Il signifie « maître » dans le langage scolaire et emporte la même nuance que moulay lorsqu’il s’applique à un souverain chérifien. Il va au-delà des règles de la bienséance et emporte le plus souvent une idée péjorative. Notons que « sidi » qui se prend en mauvaise part n’est guère usité de nos jours.  A ne pas confondre avec « saïdi » qui veut dire monsieur.
ADMINISTRATEUR : Il sera écorché de son sens à la suite d’une mauvaise prononciation de la langue de Rabelais par le berrah et perd ainsi sa véritable signification. « Administrateur » est frappé ainsi de plein fouet dans la terminaison « eur », un suffixe qui définit sa fonction d’agent public. Il fera plusieurs tours, et à tort, avant de prendre une autre tournure et devenir administrator*. Le suffixe « eur » sera débarrassé de ses deux voyelles le « e » et le « u » et s’enrichit de la voyelle « o » qui ne lui donne aucune signification particulière. Il ira rejoindre le camp des vendangeurs muni cette fois de l’expression « cherche ou bas » au lieu et place de « cherche en bas ».
ZERDA : Un terme qui désigne une grande fête donnée sur une place publique et marquée par diverses réjouissances (sacrifices, offrandes, chants, danses, jeux …). Il fait aussi penser à un endroit malsain où règne le désordre, la ripaille, la débauche.  Il emporte la même signification que « ouaâda » ou fête de charité auquelle les gens se joignent sans y être conviés, dans la plupart des cas.
TAHTAHA : Un mot d’origine arabe qui désigne une grande étendue de terre nue qui ne produit rien et ne donne rien et est laissée généralement à l’abandon. Il s’emploie abusivement pour désigner une place publique, lieu de réjouissances ou un endroit habituel où a lieu une fête foraine. Il se dit également en arabe « h’cida », une terre plate ou se tient habituellement une course de chevaux ou fantasia. Il renchérit sur le mot « ouatya » qui désigne lui aussi une grande étendue de terre éloignée ou isolée par endroit et quelquefois remplie d’eau.
JACQUES BONHOMME : Vieille appellation que l’on employait jadis pour désigner les riches fermiers d’autrefois.
DURÉE LIMITÉE : Le colon sait que l’arabe n’arrivera jamais à rembourser sa dette ou son prêt selon les délais impartis. La première année, consiste à lui jeter l’appât. La seconde année, c’est lui donner cette fois l’impression d’avoir été oublié.
Immeuble : Bien qui ne peut être déplacé (immeuble par nature) ou que la loi considère comme tel (immeuble par destination).
Timbre : De nos jours, ce dernier est remplacé par un accusé de réception.
Tambour : Il s’agit d’une grosse caisse accompagnée de mailloches.
DANSE : « C’est au pied du mur que l’on reconnaît le vrai maçon », disait le dicton. C’est par le langage de la danse, de la ghaïta et aux sons d’un tambourin à sonnailles que l’on fait parler et vibrer le corps. Et c’est là, que l’on retrouve les aptitudes d’un bon combattant.
GHAÏTA : Désigne un instrument de musique, en forme de trompette, formé d’un embout dans lequel on souffle l’air et d’un tube creux percé de trous, destiné à émettre les sons. « Ghaïta » s’applique également aux suites des sons, formant un air, qui s’échappent du tube de cet instrument à vent, qui charment l’oreille, qui font vibrer le corps, et qui vous entraînent à la danse. On dit qu’il y a « ghaïta » dans le village voisin, pour indiquer qu’il y a fête dans les environs. Son utilisation fréquente dans les fêtes lui donne la triste réputation d’instrument à vulgarité. À ne pas confondre avec la « zorna » ou la chorale de Boualem Titiche qui se joue avec une « ghaïta » et un tambour et qui est interprété uniquement dans les fêtes religieuses et familiales. D’origine typiquement algéroise, la « zorna » fait plutôt penser à l’air qui se dégage de cet instrument.
GUESSA : Ou « djefna », il désigne un large récipient en bois ou en terrine dans lequel on pétrit la pâte et où l’on sert habituellement le couscous.





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